Éditorial

Béquille ou prothèse ?

20/12/2021

Rarement un texte sur les relations commerciales aura suscité autant de passions, d’attentes et de controverses que la loi visant à « protéger la rémunération des agriculteurs », pur produit du technocratisme à la française pour les uns, acte politique fort et indispensable pour d’autres, selon que l’on s’attache plutôt à la complexité indéniable de la forme ou à l’objectif affiché dans un intitulé qui fait consensus. 

Il est d’usage de stigmatiser la prolifération des textes législatifs sur les relations commerciales en France, qui n’a effectivement pas d’équivalent, et d’y voir la source de tous nos maux.

Mais la vérité, c’est que ce texte, nous l’avons mérité : il est la conséquence de notre incapacité collective historique à entretenir des relations équilibrées entre les différents maillons des filières, de l’amont agricole aux enseignes de distribution, en passant par les industriels.

Les textes de loi ont un pouvoir structurant sur les comportements et les pratiques ; de celui-ci, il faut déjà espérer que tout ce qui est sans rapport avec la matière première agricole, composants et produits finis, n’en subira pas des dommages collatéraux fatals, du fait des arbitrages et des mécanismes de péréquation que la loi va inévitablement induire dans les pratiques de négociation des enseignes. Cette préoccupation a guidé l’Ilec et continuera de le faire.

Et des différents mécanismes contraignants prévus à l’égard de l’ensemble des acteurs directement concernés par le texte, il faut espérer qu’ils feront progresser la bonne foi, le pragmatisme et in fine la confiance, en imposant la contractualisation, la transparence et la cohérence, là où le rapport de force et l’opportunisme ont toujours occupé une place démesurée.

Seules une appropriation raisonnée du texte et la volonté de se conformer à son esprit permettront de produire des résultats positifs pour l’amont agricole sans dommages pour les autres maillons de la filière et les autres catégories de produits de grande consommation. Et peut-être un jour de conduire à une réduction de l’arsenal législatif, davantage béquille que prothèse…

Richard Panquiault

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