Bulletins de l'Ilec

La valeur ajoutée par le recyclage - Numéro 480

26/03/2019

Une mention spéciale décernée par les étudiants de l’Essec a récompensé Bic pour la gamme Ubicuity1 de mobilier urbain en plastique recyclé, fabriqué à partir d’instruments d’écriture usagés. Entretien avec Bénédicte Cusinberche, project management office director, Groupe Bic

Combien de stylos Bic sont devenus des bancs Ubicuity ?

Bénédicte Cusinberche : Potentiellement plus de 33 millions d’instruments d’écriture usagés, mais pas uniquement de la marque Bic, car nous collectons toutes les marques : ce serait trop compliqué pour les consommateurs de trier par marque et cela ne donnerait pas de sens à notre action pour l’avancée du recyclage.

La marque Ubicuity figure-t-elle sur ce mobilier ?

B. C. : Oui, avec une plaque explicative : « La gamme de mobilier d’extérieur Ubicuity est issue de la filière de recyclage des instruments d’écriture initiée par Bic en partenariat avec TerraCycle, Govaplast et Plas Éco. » TerraCycle a charge de la collecte des stylos, Govaplast récupère la matière recyclée et fabrique les planches en plastique recyclé qui sont vendues à Plas Éco, qui conçoit, fabrique et commercialise du mobilier d’extérieur. Les particuliers peuvent acheter le mobilier sur le site www.Plaseco.fr, même si Plas Éco s’adresse en priorité aux collectivités territoriales.

Avec Ubicuity, Bic fait-il œuvre rupturiste dans l’économie circulaire ?

B. C. : Le caractère innovant n’est pas technique mais tient à la mise en collaboration de trois acteurs du recyclage, TerraCycle, Govaplast et Plas Éco, pour un même objectif, sans oublier les consommateurs qui collectent. Cette approche a pour but de constituer une filière de recyclage intégrée et pérenne. En effet, rassembler ces expertises nous permet d’avoir une vue d’ensemble des enjeux, et des freins financiers ou techniques.

Bic prend en charge l’intégralité de cette filière multimarque : comment garantir durablement sa viabilité ? L’offre de mobilier d’extérieur est-elle commercialement rentable ?

B. C. : La pérennité de cette filière, c’est ce sur quoi nous travaillons. Le mobilier extérieur en plastique recyclé a une belle valeur d’usage. Transformer nos produits usagés en un produit qui répond parfaitement à une fonction était important pour nous : le mobilier d’extérieur Ubicuity est antiultraviolets, antigraffitis, garanti dix ans et peu coûteux en entretien. Il dure bien plus longtemps qu’un mobilier en bois d’élevage.

L’offre recyclée pourrait-elle s’élargir à d’autres objets, notamment de nouveaux stylos sous la marque Ubicuity ? Concurrente de Bic ?

B. C. : Nous offrons déjà et depuis longtemps (1994) des instruments d’écriture avec de la matière recyclée, je pense à la gamme de dessin et coloriage Évolution de la marque Bic Kids. Dans la mesure où nous ne sommes qu’au début du recyclage « post-consommateur », l’état de l’art est tel qu’il ne nous permet pas encore d’injecter facilement ce type de plastique recyclé dans des produits de haute précision comme les nôtres. Ce plastique post-consommateur n’est pas simple à utiliser, pour trois raisons : les différents plastiques peuvent être encore trop mélangés, la matière peut perdre beaucoup de ses propriétés mécaniques au cours des étapes du recyclage, et l’approvisionnement en cette matière secondaire n’est pas stable (en quantité et qualité).

Quel est le réseau de collecte, seulement hors foyers ?

B. C. : Nous collectons sur le lieu même de consommation : écoles, bureaux. Ce qui facilite le geste de tri. Nous effectuons déjà un pré-tri et commençons à massifier les flux. Nous testons aussi la collecte avec les centres E.Leclerc au moment de la rentrée des classes, le moment où on trie le contenu de la trousse, ce qui est usé et ce qui fonctionne encore.

Était-il indispensable d’associer au geste de tri des entreprises ou collectivités le versement d’un centime au profit d’une association ?

B. C. : Pour chaque stylo collecté, Bic, au travers de TerraCycle, reverse en effet un centime à l’association choisie par celui qui collecte. Ce don est important, car l’un des freins au recyclage tient à la distribution de la valeur retrouvée vers l’amont : si un déchet ne vaut rien, il coûte néanmoins sur le plan de la collecte. Il faut intéresser et récompenser tous les acteurs de la chaîne.

Ubicuity a-t-il suscité d’autres idées d’économie circulaire ?

B. C. : Il suscite beaucoup d’intérêt en interne. Pour l’heure, nous nous attachons à le rendre pérenne. Notre objectif est de faire avancer l’état de l’art du recyclage du plastique post-consommateur.

1. https://www.bicworld.com/fr/ubicuity-petit-stylo-deviendra-banc

Propos recueillis par J. W.-A.

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