Bulletins de l'Ilec

Editorial

L’école fait école - Numéro 433

01/03/2013

RSE. Trois lettres proches d’un SOS et à l’opposé d’un RAS. Ici, tout est à signaler, qui participe de la protection de la Terre et de l’humanité, rien de moins. Le courant qui a imposé cet acronyme dans le paysage de l’économie pourrait remonter à 1972, année où convergent dans un même discours, alarmiste et prospectiviste, le rapport Meadows, le premier sommet de la Terre, créateur du Programme des Nations unies pour l’environnement, et le discours d’Antoine Riboud devant un CNPF tétanisé. Quarante ans plus tard et quelques sommets de plus, la chaire PGC de l’Essec, créée en 1985, a ajouté à son «  Prix de la distribution responsable » celui des « industries de consommation responsable ». Le 6 février dernier, les meilleures initiatives ont été récompensées, sous le patronage d’Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, avec le soutien de l’Ilec, de l’Ania et de la Feef.

Responsabilité, responsable… Etymologiquement, être responsable signifie répondre de ses actes. Ceux de l’entreprise se multiplient et se compliquent à mesure que, d’artisanale, elle grimpe en taille, parfois devient grand groupe. Hier dite sociale, sa responsabilité est devenue sociétale, ainsi que la qualifient depuis 2010 la norme internationale ISO 26000 et le ministère de l’Écologie. Cette norme consiste en « lignes directrices » qui énoncent sept « questions centrales » : « gouvernance de l’organisation », « droits de l’homme », « relations et conditions de travail », « environnement », « loyauté des pratiques », « questions relatives aux consommateurs », « communautés et développement local ». Le champ de la responsabilité n’est plus celui d’une entreprise seulement responsable de ses salariés, mais de la société tout entière, voire de la Terre, l’environnement où l’entreprise et ses « externalités » deviennent éco-système (les lexicographes diront si « sociétale » est vraiment plus large et plus pertinent que « sociale », pour rendre compte de ce périmètre sans bornes).

L’heure n’est donc plus aux discours, mais aux bonnes pratiques, comme celles distinguées par l’Essec. Trente industriels ont présenté 84 dossiers, passés au tamis par les étudiants de cette école de commerce pionnière, avant d’être examinés par deux jurys, l’un consacré aux questions environnementales, l’autre aux questions sociétales (les lexicographes diront pourquoi ici le sociétal est distinct de l’environnemental). Quatre critères ont permis de départager les candidats : l’aspect novateur, la mise en œuvre, l’impact et le caractère visionnaire de leurs initiatives. Trois prix « environnementaux », trois prix « sociétaux », ont été décernés par les jurys, et deux mentions spéciales attribuées par les étudiants.

Piliers de la sagesse, arts, vertus ou péchés capitaux, la RSE rejoint les septénaires avec ses sept « questions ». Un chiffre qui augure de la vie éternelle devrait convenir au développement durable.

Jean Watin-Augouard

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