Bulletins de l'Ilec

Un nouvel écosystème - Numéro 485

17/12/2019

Dans le non-alimentaire, le périmètre du don va s’élargir. Entre metteurs en marché et associations, la lutte antigaspi solidaire va devoir s’adapter. Entretien avec Bethan Aumonier, responsable des relations entreprises chez Dons solidaires

Dans le non-alimentaire (entretien et cosmétiques notamment), des circuits de soldeurs assurent une deuxième chance à la vente des produits en récupérant des stocks d’invendus auprès des fabricants. Mais pas auprès des grandes enseignes, dont ils sont les concurrents directs : pour celles-ci, êtes-vous le seul débouché ?

Bethan Aumonier : Les fabricants travaillent de façon régulière avec des soldeurs pour écouler leurs invendus, mais le don est également une solution répandue. Dons Solidaires collecte les invendus non alimentaires d’une centaine de fabricants et distributeurs, qui souhaitent gérer ces stocks de façon responsable et générer un impact social positif. Pour certains industriels, le don est souvent préféré aux soldeurs pour des raisons d’image, de concurrence et de traçabilité. Dons solidaires leur propose une solution simple, fiable et économique – le don est gratuit pour les entreprises, qui bénéficient également d’un reçu fiscal au titre du mécénat. Au niveau des distributeurs, Dons solidaires gère déjà les invendus de certaines grandes enseignes. Elles apprécient de travailler avec un seul interlocuteur capable d’absorber des volumes importants multilocalisés, et de gérer la logistique de distribution au niveau national. Ces dons nous permettent de lutter contre l’exclusion sociale, de venir en aide à des associations partenaires présentes sur l’ensemble du territoire.

Quels sont les freins à la collecte des dons des GMS ?

B. A. : Au niveau local, la collecte des dons alimentaires auprès des GMS est déjà bien structurée, avec les Banques alimentaires, les Restos du cœur, ou d’autres structures de l’économie sociale et solidaire qui peuvent aussi recevoir des produits non alimentaires de première nécessité (produits d’hygiène de base, couches, lessive, etc.). Parfois, la nature et le conditionnement des produits peuvent être un frein à la collecte et à la distribution aux personnes en difficulté. Dons solidaires peut proposer des solutions pour tout type et tout volume de don au niveau des magasins, ou des entrepôts. Notre savoir-faire est d’assurer la traçabilité des produits et d’avoir un réel impact social.

Qu’attendez-vous de l’interdiction de la destruction des invendus non alimentaires (article 5 du projet de loi anti-gaspillage) ?

B. A. : Beaucoup de fabricants et de distributeurs n’ont pas attendu la loi sur l’économie circulaire pour structurer la gestion solidaire de leurs invendus ! Depuis quinze ans Dons solidaires encourage les entreprises à « donner plutôt que détruire » leurs invendus et les accompagne dans le cadre de leur politique RSE. Nous constatons ces derniers temps une tendance à la hausse des dons, sans doute dans la perspective de cette loi. Il nous semble évident qu’elle va inciter l’ensemble des entreprises à structurer davantage la gestion des dons de produits et à faire appel à des partenaires capables de gérer tout type de don de manière sécurisée.

L’objectif global de cette loi est d’inciter les entreprises à une production plus responsable. Concrètement, l’article 5 les amènera à privilégier une seconde vie pour les invendus non alimentaires par le don, avant d’envisager leur réutilisation ou bien en dernier lieu le recyclage sous forme de déchet. C’est pourquoi, si l’interdiction de la destruction des invendus non alimentaires peut être perçue comme une contrainte, elle est également une opportunité pour mobiliser les équipes en interne vers une plus grande responsabilité sociale et une meilleure gestion.

Dans un contexte de pauvreté grandissante, l’impact positif pour le secteur associatif se traduira sans doute par de nouvelles opportunités de dons qui permettront de lutter contre la précarité. Toutefois, une question risque de se poser, pour la gestion de dons de produits de seconde nécessité : pour eux, les entreprises et le secteur associatif devront travailler ensemble afin de trouver des solutions adaptées. Nous entendons construire dès maintenant un nouvel écosystème pour les dons, en collaboration avec les fabricants et distributeurs, pour encore mieux « donner, distribuer, partager ».

Propos recueillis par J. W.-A.

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