Bulletins de l'Ilec

Jeunes armés pour l’emploi - Numéro 434

01/04/2013

Initiative française de Coca-Cola, le programme « Passeport vers l’emploi », lancé il y a dix ans, étend au-delà de sa politique de recrutement les valeurs sociales revendiquées par le groupe. Entretien avec Tristan Farabet, président-directeur général de Coca-Cola Entreprise.

Résumez-nous en quelques mots l’action « Passeport vers l’emploi » pour laquelle votre groupe a été distingué par le jury de l’Essec (mention spéciale décernée par les étudiants pour récompenser une « initiative innovante et visionnaire »).

Tristan Farabet : « Passeport vers l’emploi » est un programme pédagogique en faveur de l’insertion et de l’intégration des jeunes des quartiers défavorisés. Il a trois volets : la découverte de l’entreprise et des métiers commerciaux et industriels, destinée à des jeunes de troisième ; l’entraînement à l’entretien de recrutement, collectif et individuel, pour des jeunes diplômés de niveau bac à bac + 2 en recherche d’emploi ; le tutorat de jeunes de niveau bac + 4. Ce programme permet d’aider chaque année 2 800 jeunes des quartiers difficiles dans leur démarche de recherche d’emploi et d’insertion. Soulignons deux particularités qui inscrivent ce programme profondément dans la vie de notre entreprise : la première est qu’il est animé par les collaborateurs mêmes de l’entreprise, ils sont deux cent cinquante à s’y engager personnellement au quotidien ; la seconde est qu’il s’inscrit dans la durée, puisque nous l’avons démarré il y dix ans, dans notre usine de Marseille.

Quel facteur avait alors motivé cette initiative ?

T. F. : Les jeunes sont majoritaires parmi nos consommateurs, nous sommes donc naturellement en proximité avec eux, et pouvons, de ce fait, leur délivrer des messages positifs en les aidant concrètement dans leur recherche d’emploi. Nous sommes par ailleurs convaincus que plus de diversité en entreprise génère plus de performance. C’est un des volets majeurs de notre politique de responsabilité sociale et environnementale, au même titre que la parité hommes-femmes, par exemple.

Depuis 2003, les jeunes formés grâce au « Passeport vers l’emploi » deviennent-ils de plus en plus des salariés de Coca-Cola ?

T. F. : Le but premier de « Passeport vers l’emploi » n’est pas de recruter les jeunes bénéficiaires dans notre entreprise, mais de leur ouvrir des perspectives de métier ou de leur donner les clés pour réussir un entretien de recrutement. Nous sommes en revanche attentifs à la difficulté des jeunes des quartiers à trouver un emploi, avec un taux de chômage de 40 % . Nous avons donc signé avec le gouvernement des engagements comme le plan « Espoir banlieues » et mis en place des moyens qui nous ont permis de recruter par exemple en moyenne, depuis 2008, 10 % de nos nouveaux collaborateurs dans les quartiers sensibles.

Le « passeport » a-t-il fait des émules dans d’autres filiales de Coca, dans les pays émergents par exemple ?

T. F. : Coca-Cola Entreprise est une entreprise ancrée sur le territoire français depuis plus de quatre-vingt-dix ans, notre responsabilité est d’agir au niveau local dans des problématiques spécifiques à notre pays.

Une marque célébrissime peut-elle faire quoi que ce soit dans le sens de la RSE (dès lors que cela ne concerne pas au plus près son produit) sans susciter des interrogations soupçonneuses sur sa sincérité ?

T. F. : Nous sommes convaincus que plus de diversité équivaut à plus de performance et de créativité. Coca-Cola se doit d’être à l’image d’une société française plurielle. Nous nous sommes investis dans la problématique de l’emploi des jeunes, dans le cadre de la politique de réhabilitation des quartiers sensibles, bien avant que ce sujet soit mis en exergue, en 2005, par la politique de la ville. Notre engagement est un engagement de long terme.

Ce type d’action vise-t-il aussi à être un avantage concurrentiel ?

T. F. : Ce n’est pas sa vocation, nous sommes engagés depuis longtemps dans une politique de croissance responsable, tant environnementale que sociétale. Ce programme d’aide aux jeunes nous tient particulièrement à cœur et constitue, pour nos 2 800 collaborateurs en France, un formidable facteur d’engagement au quotidien.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site. Si vous continuez à l'utiliser, nous considérerons que vous acceptez l'utilisation des cookies.