Bulletins de l'Ilec

Agir au cœur plutôt que légiférer - Numéro 439

01/11/2013

Pour les représentants des acheteurs, ne pas commander trop est affaire de bon sens. Sans préjudice d’autres bonnes pratiques interentreprises. Entretien avec François Girard, délégué général de la Compagnie des dirigeants et acheteurs de France (CDAF)

La CDAF mène-t-elle des actions relatives au gaspillage dans la chaîne d’approvisionnement ?

François Girard : Ce n’est pas de notre ressort, mais notre action conduit à limiter le gaspillage, car lorsqu’on achète trop, on achète plus et on paie plus cher. Un acheteur avisé a intérêt à payer le juste prix d’une prestation. Ainsi l’acheteur n’a pas non plus intérêt à gaspiller, car il ne négocie pas uniquement un prix mais la fonctionnalité, les besoins à satisfaire. Il va analyser toutes ces variables pour obtenir le prix le plus juste, et éviter le superflu sur le plan tant quantitatif que qualitatif, donc réduire le gaspillage. Un acheteur achète le juste besoin et le superflu devient une piste d’économie.

Comment peut-il encore agir contre le gaspillage ?

F. G. : Il ne doit pas raisonner uniquement prix mais coût total d’acquisition. Ainsi, acheter un produit lointain moins cher mais payer le transport risque de coûter plus cher et de gaspiller du pétrole, des pneus… L’étude du cycle de vie permet d’optimiser.

Les pénalités logistiques n’incitent-elles pas les producteurs (agricoles, industriels…) à produire trop ?

F. G. : On achète des quantités par lot ou par taille, dite économique, qui n’est pas forcément la plus grosse. C’est celle qui, toutes choses égales par ailleurs, est la plus économique. Dans les années 1980, la théorie du Kanban, méthode japonaise, était très développée dans l’automobile. Le produire trop n’est pas dans l’intérêt des entreprises.

Faudrait-il inscrire systématiquement des clauses antigaspi dans les CGV et CGA ?

F. G. : Et recourir une fois de plus à la loi pour corriger des dérives ! De grâce, le bon sens est préférable, l’accord de bonnes pratiques entre les personnes est plus judicieux. Un alinéa de plus dans un texte ne changera pas les comportements. La CDAF a écrit avec la Médiation des relations interentreprises une charte de bonnes pratiques intitulée « Charte des relations fournisseurs responsables » en dix points pour toutes les entreprises1. Plus de quatre cents déjà l’ont signée. Au nombre des points figure en particulier le coût total d’acquisition. Un lien est d’ailleurs établi avec la Médiation des relations interentreprise, avec laquelle nous avons développé conjointement un label qui atteste de l’engagement et de la bonne volonté de l’entreprise. Nous prônons de mettre dans les contrats des clauses de médiation. On évite le gaspillage de temps, d’argent et d’énergie !

1. www.redressement-productif.gouv.fr/files/files/directions_services/mediation-interentreprises/Charte/Charte_vFOM-CH-JLM.pdf. Cf. Bulletin de l’Ilec n°438, octobre 2013.

Propos reccueillis par J. W.-A.

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