Bulletins de l'Ilec

Attrait des grands, sous condition - Numéro 455

01/03/2016

Force des marques et opportunités, les grands groupes de PGC savent plaire aux jeunes diplômés. À fortiori s’ils rivalisent, par le « bien-être », avec la décontraction des jeunes pousses. Entretien avec Valentine Monnier-Schnebelen, directrice marketing de Cadremploi

Quel est l’attrait relatif des IAA et des autres industries de biens manufacturés parmi les demandeurs d’emploi ?

Valentine Monnier-Schnebelen : On observe un fort attrait des entreprises agro-alimentaires, pour plusieurs raisons : la taille du secteur par son chiffre d’affaires et ses effectifs, mais aussi la nature des produits, la force des marques, fleurons de l’industrie française. Selon l’étude Insee consacrée aux besoins en main-d’œuvre (BMO) en 2015 et au nombre d’établissements qui recrutent, 19 % des entreprises de l’industrie manufacturière ont prévu de recruter, mais 24 % des industries agro-alimentaires.

Il existe donc un fort potentiel pour les cadres et les jeunes diplômés. Sur le marché de l’emploi, le taux de chômage est de 11 % , mais il est inférieur à 5 % pour les cadres. Il y a tout de même des tensions autour de certaines fonctions, chez les commerciaux, les développeurs et l’univers digital, autant de profils très recherchés par les IAA, aussi bien les PME et TPE que les grands groupes.

En 2015, l’industrie agro-alimentaire a recruté 50 000 personnes, au lieu de seulement 15 000 dans le reste de l’industrie manufacturière. Cependant, alors que 32 % des projets de recrutement sont difficiles à mener à bien dans l’industrie manufacturière, ce taux tombe à 27 % dans les industries agro-alimentaires et l’agriculture. Il y a donc une plus grande fluidité dans ce secteur pour recruter.

Et l’attrait relatif des entreprises de service aux entreprises ?

V. M.-S. : Les entreprises de service, notamment les jeunes pousses et prestataires en ligne, exercent un réel attrait, pour la liberté qu’elles donnent dans le travail. Elles font davantage rêver, semblent plus plaisantes aux jeunes ; la moyenne d’âge y est moins élevée que dans les grands groupes, la hiérarchie moins pesante, plus dynamique. Pour autant, les grands groupes sont mieux structurés pour former les jeunes, et ils leur offrent des opportunités de carrière plus nombreuses.

Comment qualifieriez-vous l’évolution de l’attractivité des marques de PGC auprès des jeunes (de tous niveaux et qualifications) ?

V. M.-S. : L’industrie agro-alimentaire a une image très positive auprès des jeunes diplômés. Les grands groupes font beaucoup d’efforts pour rivaliser avec les entreprises numériques et travaillent beaucoup leur « marque-employeur » auprès d’eux. Ils mettent en avant les hauts niveaux de responsabilités qui peuvent leur être confiés rapidement, les opportunités de développement, les nombreuses passerelles entre les métiers, les filiales, l’ouverture sur l’international, la mobilité géographique et sectorielle. Les choix professionnels sont nombreux, les missions variées. Les jeunes peuvent s’impliquer pour relever des défis, les grands chantiers dans le domaine du développement durable et de l’environnement, par exemple.

Les grandes entreprises ont toujours le vent en poupe sur le marché du travail, Elles forment un vivier de stagiaires, futurs cadres dans les entreprises. Pour un jeune diplômé, commencer à faire ses armes dans un grand groupe est très valorisant pour la suite de sa carrière, en termes de notoriété. Avoir une expérience dans un grand groupe est une bonne référence et cela peut être rassurant pour un recruteur.

La taille des entreprises entre-t-elle en ligne de compte dans les préférences des jeunes de la même façon qu’hier ?

V. M.-S. : Ce n’est pas tant la taille qui compte que les missions auxquelles les jeunes peuvent prétendre. Les jeunes diplômés cherchent de plus en plus des postes intéressants. Les grands groupes sont mieux placés pour séduire les jeunes talents.

Deux entreprises de grandes marques de PGC figurent parmi le trio de tête du classement 2015 des « entreprises où il fait bon travailler » (www.greatplacetowork.fr) ; quel est l’effet auprès des jeunes ?

V. M.-S. : Ces deux entreprises sont Mars et Kronenbourg, grands groupes alimentaires. Nous sommes coorganisateurs de cet événement depuis dix ans. Il met en valeur le bien-être en entreprise, une valeur privilégiée par les jeunes.

Ce label joue un rôle positif, car aujourd’hui le contexte du travail est très important pour les jeunes, qui privilégient la mission et l’intérêt du travail. Le bien-être prime souvent la notoriété de l’entreprise. La génération montante est très attentive à ces labels.

La pérennité des emplois est-elle un des facteurs majeurs de la bonne image des marques de PGC en tant qu’employeurs (nombreuses sont celles qui peuvent revendiquer plus de 80 ou 90 % d’emplois en CDI) ?

V. M.-S. : Dans le contexte actuel du marché du travail, le CDI est un sésame pour le jeune diplômé, qui peut grâce à lui accéder plus facilement au logement, faire des projets de vie. Les jeunes veulent sortir du cadre des boulots alimentaires, et décrocher un emploi en adéquation avec leurs attentes. Le leitmotiv, chez eux, c’est l’intérêt de la mission.

Diriez-vous que le marché de l’emploi cadre est en France toujours plus rigidement dépendant du diplôme initial ? Que cette dépendance est plutôt variable selon le secteur ?

V. M.-S. : Un diplômé a plus de chances qu’un non-diplômé de trouver un emploi, surtout en période de crise. C’est un sésame qui rassure l’entreprise. Les non-diplômés ont toujours beaucoup plus de difficultés pour trouver un poste.

Propos recueillis par J. W.-A.

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