Bulletins de l'Ilec

Equité, pierre angulaire - Numéro 456

01/04/2016

À chacun de payer ce qu’il doit, et d’être aidé comme il y a droit. Pour l’opérateur historique, le service au client doit assurer la pérennité des principes. Entretien avec Philippe-Loïc Jacob, président-directeur général d’Éco-Emballages

Quand et comment atteindre 75 % de recyclage des déchets d’emballages ?

Philippe-Loïc Jacob : Éco-Emballages prend en charge la responsabilité élargie de l’ensemble des entreprises françaises qui mettent en marché des emballages ménagers, depuis vingt-trois ans. Cette action menée en partenariat avec les collectivités locales et les acteurs du recyclage (ONG, opérateurs, filières) a permis de progresser d’un taux de recyclage de 18 % en 1992 à 67 % en 2015. Le geste de tri est devenu le premier engagement environnemental des Français. L’objectif de 75 % reste d’actualité, mais nous arrivons en haut des courbes, et comme dans toute ascension les derniers mètres sont les plus difficiles à gravir. Le taux de recyclage stagne et son coût a tendance à augmenter. Pour recycler plus en baissant le coût à la tonne, nous avons deux priorités : relancer la collecte en ville, où l’on trie deux fois moins qu’à la campagne, et étendre les consignes de tri à tous les emballages en plastique. C’est le sens de notre plan de relance à l’œuvre depuis septembre dernier. D’ici six ans, tous les Français pourront trier 100 % des emballages – notamment ceux en plastique. Simplification du geste de tri, modernisation des centres de tri, développement de l’apport volontaire multiflux, doublement de la collecte en ville et du recyclage des plastiques, réduction et écoconception des emballages : autant de voies pour améliorer le recyclage sans augmenter les coûts.

Y a-t-il beaucoup de « passagers clandestins » dans la filière ?

P.-L. J. : Selon l’Ademe, il y a moins de 5 % de non-contributeurs, mais on ne peut s’en satisfaire. Il est du ressort de l’État de prendre les mesures nécessaires. Ce qui compte pour Éco-Emballages, c’est l’équité entre nos clients : que chacun paie ce qu’il doit, sinon les autres paient pour lui. Nous avons conçu un tarif écomodulé où chaque entreprise paie en fonction de l’impact environnemental de son emballage. La précision de la déclaration garantit l’équité. Toutefois, sa complexité crée des difficultés, c’est pourquoi nous avons lancé le chantier d’une simplification dont nous présenterons les principes en juin prochain. Notre objectif est de faciliter les démarches de nos clients et de leur apporter toute l’aide nécessaire, en conservant le principe d’équité, majeur dans un modèle mutualisé.

Quelles sont les perspectives d’évolution du Point vert ?

P.-L. J. : Le Point vert figure sur 95 % des emballages commercialisés en France. Ce signe est associé spontanément par les consommateurs au recyclage, mais il ne leur délivre pas une information claire. Sa vocation initiale était de marquer la contribution de l’entreprise, ainsi que le prévoit le Code de l’environnement, et il a une dimension européenne, une trentaine de pays l’utilisent. Aujourd’hui les consommateurs attendent une information précise sur ce qu’ils doivent mettre dans le bac de tri ou dans la poubelle des ordures ménagères. À cette fin, nous avons associé au Point vert une consigne de tri claire et explicite. Présente sur trente-cinq milliards d’emballages, et donnant droit à un bonus de 8 % sur la contribution, elle facilite le geste de tri. Et n’oublions pas qu’une fois aboutie l’extension des consignes de tri aux plastiques, en 2022, tous les emballages iront dans le bac de tri, il n’y aura plus d’erreur possible.

Le périmètre doit-il s’élargir à la restauration hors foyer ?

P.-L. J. : Éco-Emballages couvre un périmètre de cinq millions de tonnes qui comprend les emballages ménagers consommés à domicile ainsi que les emballages de la restauration moderne et de la vente à emporter. Ces deux secteurs constituent un gisement de 200 000 tonnes et, en effet, leurs emballages ne sont pas suffisamment collectés. Nous travaillons avec leurs acteurs pour développer le geste de tri des consommateurs, avec McDonald’s par exemple, pour installer le tri dans les restaurants, avec Roxane, Nestlé et Danone, pour expérimenter des modèles alternatifs de collecte (réceptacles automatiques rémunérant le dépôt). Enfin, le développement de l’apport volontaire multiflux permettra aux citadins de trier leurs déchets dans la rue. Paris va expérimenter avec Trilib’, dans cinq arrondissements, cette solution de collecte innovante à partir de septembre. Grâce à elle nous pourrons massifier les volumes collectés, améliorer la qualité de la matière recyclée et diminuer les coûts.

http://mission-neo2017.fr

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