Bulletins de l'Ilec

Numéro un européen, ancrage français - Numéro 463

27/02/2017

Avec quatre sites, quatre mille emplois directs et trente mille indirects entre l’amont et l’aval, et un approvisionnement agricole quasi exclusivement hexagonal, Heineken France est un animateur majeur de filières et de zones d’emploi. Entretien avec Pascale Perez Castellano, secrétaire générale de Heineken France

Comment illustreriez-vous, avec votre entreprise, l’effet d’entraînement de vos activités sur des secteurs tiers ?

 

Pascale Perez Castellano : Entreprise toujours familiale, Heineken est le premier brasseur européen et français. Nous avons aujourd’hui 4 000 emplois directs en France au travers de nos deux activités, brasseur et distributeur (France Boissons), et l’étude que nous avons réalisée en 2012 pour mesurer notre impact socio-économique en France faisait état de 30 000 emplois indirects, qui concernent aussi bien l’amont que l’aval. En amont, les emplois sont liés aux matières premières, à l’agriculture, et la France a de réels atouts ; 92 % des bières commercialisées par le groupe Heineken en France sont produites en France avec un approvisionnement en matières premières qui se fait quasi exclusivement en France, en particulier pour l’orge (100 %). Les emplois indirects concernent également l’aval, avec les grandes surfaces et les cafés-hôtels-restaurants, trente mille environ en France. Il faut savoir que 40 % du chiffre d’affaires des cafés provient de l’activité bière, dans son ensemble, toutes marques confondues.

L’effet d’entraînement est-il grand sur les filières ?

P. P. C. : Oui, pour l’orge : 30 % des achats d’orge du Groupe Heineken se font en France, premier exportateur mondial d’orge de malt. C’est une filière qui associe les agriculteurs producteurs d’orge de brasserie, la recherche variétale, les malteurs (le numéro un mondial de la malterie est un groupe français) et les brasseurs dans les territoires. Notre position en Alsace nous permet aussi de soutenir la filière houblonnière. Nous venons de signer un partenariat avec le Comptoir agricole d’Alsace pour la marque Fischer, avec un approvisionnement cent pour cent alsacien.

Et sur des zones d’emploi ?

P. P. C. : Nous sommes présents dans trois bassins d’emploi en France avec nos brasseries en Alsace, près de Lille et à Marseille, sans compter notre siège social à Rueil-Malmaison. Cette année, nous investissons 20 millions d’euros dans ces trois brasseries ; depuis 2010 Heineken France a investi 100 millions dans son outil de production français.

Nous avons également l’activité France Boissons, distributeur spécialisé auprès des cafés-hôtels-restaurants pour tous types de boissons qui détient 78 centres de distribution en France. Nous avons donc une très grande granularité, en termes de maillage du territoire.

Nous sommes engagés en faveur de la défense des cafés dans les territoires où le commerce tend à disparaître. Nous avons par exemple lancé depuis quatre ans le prix « Des cafés pour nos régions », afin d’apporter une aide concrète aux gérants dans la réalisation de leurs projets professionnels, création, reprise ou rénovation d’établissements, qui participent à la vitalité de leur commune ou de leur quartier. L’objectif est notamment de préserver le dynamisme économique et la vie des communes où ces établissements sont implantés, mais aussi de les aider à jouer pleinement leur rôle social dans les villes et villages de France. Notre activité de brasseur nous autorise à être caution bancaire, en accordant des prêts aux cafés-hôtels-restaurants pour redynamiser leur activité ; en 2016, nous avons accordé 
195 millions d’euros d’emprunts bancaires.

Les entreprises de PGC se caractériseraient-elles par la diversité des qualifications auxquelles elles ont recours ?

P. P. C. : De par son activité de brasseur, métier à part entière, Heineken fait appel à des qualifications très diverses, qui concernent aussi bien les fonctions spécifiques liées à la production et au conditionnement de nos bières que tous les métiers qui gravitent autour, tels les commerciaux, le marketing, les achats, la logistique, tous métiers communs à l’univers des PGC. Et, au-delà des compétences fonctionnelles, nous recherchons de plus en plus de compétences de leadership, des qualifications d’ordre managérial, comportemental, qui portent par exemple sur le management collaboratif, l’agilité, la flexibilité…

Quels sont justement les profils d’emplois les plus appelés à évoluer dans une entreprise comme la vôtre, et dans son écosystème socioéconomique, amont et aval ?

P. P. C. : Un des enjeux en termes d’emploi porte sur le digital, qui appelle des évolutions de profils : aussi bien dans le commercial (e-commerce) que dans la relation avec les consommateurs, la distribution, mais aussi la communication interne avec les salariés, les ressources humaines ou le juridique. Le volet digital est transversal à toutes les fonctions du groupe et dépasse le seul marketing.

Le métier d’opérateur en brasserie évolue également vers davantage de qualification et de polyvalence. Lors de nos recrutements externes, nous recherchons des niveaux Bac + 2 en mesure de conduire les machines eux-mêmes, d’intégrer leur maintenance. Nous souhaitons des personnes autonomes et polyvalentes. En interne, l’expérience compense évidemment l’absence de diplôme. Dans le domaine des achats, nous attendons des acheteurs qu’ils achètent les matières et emballages au meilleur rapport qualité-coût, c’est leur fonction première, à laquelle s’ajoutent aujourd’hui des compétences touchant le développement durable, pour des achats responsables intégrant les problématiques liées à l’environnement, à leur impact sociétal.

Propos recueillis par J. W.-A.

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