Bulletins de l'Ilec

Éditorial

Preuves et convictions - Numéro 448

01/04/2015

Sur la cinquantaine de dossiers « RSE » examinés par les étudiants et le jury du « Grand Prix Essec des industries de la consommation responsable » 1, comme parmi les dix lauréats récompensés le 6 mars dernier, au ministère de l’Économie, une large majorité est constituée d’initiatives où le mieux-disant environnemental ou social est porteur de performance. Efficacité énergétique ou économie de transport, amélioration des compétences ou de l’organisation, gestion des risques économiques liés aux « externalités négatives », la structure de coûts et la productivité s’en trouvent mieux, nonobstant les cas où l’excellence environnementale, sanitaire ou nutritionnelle est la raison d’être même du produit, l’argument concurrentiel majeur de la marque, voire la vocation originale de l’entreprise.

À considérer les expériences évoquées dans le présent Bulletin et le suivant, si toutes ne se traduisent pas par un retour sur investissement mesurable et immédiat, même les actions paraissant loin du cœur d’activité et de création de valeur ne peuvent plus être tenues pour un mécénat contingent, tant elles sont associées à la dimension humaine propre de chaque entreprise, à sa culture singulière, mixte de métiers, de mémoire collective et de socialité.

Chez Seb, Grand Prix Essec 2015, comme chez Mars, Bonduelle, L’Arbre Vert, SCA, Reinett, Bel ou Nestlé Waters, autres entreprises récompensées, et comme chez celles dont on lira la liste dans notre prochaine livraison, le temps est passé où le domaine de la RSE pouvait encore sembler au public voué à nimber l’entreprise d’un vague halo flatteur. Loin de là, à contempler ce panorama c’est souvent la discrétion des démarches qui est, paradoxalement, remarquable ; les entreprises qui font, font plus qu’elles ne le disent.

Bien sûr, la « stratégie RSE » est encore d’une avant-garde minoritaire, et les soupçons de socio ou écoblanchiment ne sont pas dissipés dans tous les esprits ; ils ne le seront jamais, s’agissant d’un secteur de la consommation où le jugement, associé à l’acte d’achat, est mobilisable tous les jours. Mais les entreprises qui savent anticiper les exigences du marché n’ont pas trop à redouter les excès critiques et les procès d’intention. La frontière, le seuil à risque où stratégie RSE et performance menacent de diverger, c’est plutôt quand l’entreprise a de l’avance sur le marché – cas classique de la préférence des consommateurs pour des emballages superflus –, même si, là encore, des entreprises en position d’acteurs majeurs de leur catégorie ou de leur filière tentent d’agir sur les habitudes.

Si la RSE s’inscrit dans l’air du temps, c’est en affaire sérieuse qui touche au sérieux des affaires. Motif de fierté pour l’Ilec, où ont été défrichés, débattus ou promus bien des sujets qui font écho aux actions novatrices récompensées par le Grand Prix de l’Essec, dont il est l’heureux partenaire.

1. http://is.gd/htOWl7.

François Ehrard

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