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Lesieur, toujours pionnier

12/01/2017

Lesieur s’en­gage dans la certi­fi­ca­tion Label Rela­tions four­nis­seur respon­sables pour asso­cier ses four­nis­seurs à la qualité des produits.

par Jean Watin-Augouard
Entretien avec Laetitia Salessy,

Directrice Qualité et Développement durable Lesieur.

Lesieur est la première entre­prise de PGC à s’être enga­gée dans la certi­fi­ca­tion Label Rela­tions four­nis­seur respon­sables (label RFR) . Est-ce à dire qu’avant ce label, l’en­tre­prise n’avait pas établi ses propres règles régis­sant ses rapports avec ses four­nis­seurs ? Ou a-t-elle voulu aller plus loin dans le domaine de l’éthique des affaires et de la RSE ?

Laetitia Salessy : Lesieur, société fran­çaise plus que cente­naire, avec 700 personnes et quatre usines en France, filiale du groupe Avril, vient de s’en­ga­ger dans la certi­fi­ca­tion Label Rela­tions four­nis­seur respon­sables pour faire recon­naître son fort ancrage local et sa façon de créer des parte­na­riats de long terme avec ses four­nis­seurs. En tant que société agroa­li­men­taire, Lesieur a besoin de nouer des liens forts, de confiance et pérennes, avec les premiers maillons de sa chaîne pour amélio­rer en perma­nence la prati­cité, la fonc­tion­na­lité, l’at­trac­ti­vité et la qualité de ses produits, et pour limi­ter les risques de fraudes et de pénu­ries.

Dans quels domaines les rela­tions actuelles avec les four­nis­seurs sont-elles les moins éthiques ? Quelles sont, parmi les 36 mauvaises pratiques recen­sées, les plus fréquentes ?

L. S. : Notre appro­vi­sion­ne­ment en matières premières est essen­tiel­le­ment euro­péen ; de ce fait, nous ne sommes guère confron­tés aux enjeux liés au travail des enfants. Mais nous devons nous amélio­rer sur deux points : la bien­veillance envers nos four­nis­seurs concer­nant le respect et la préven­tion des risques de corrup­tion mais aussi le respect des délais de paie­ment ; et leur accom­pa­gne­ment dans la mise en place de nos exigences en termes de sécu­rité au travail et de respect de l’en­vi­ron­ne­ment.

Qu’at­ten­dez-vous de ce label sur le plan interne, en termes de mana­ge­ment ?

L. S. : Ce label va nous permettre d’ins­tal­ler un système de pilo­tage du proces­sus d’achats. Nous écri­vons ce que nous voulons faire, nous le faisons et nous mesu­rons nos résul­tats. Le proces­sus d’achat est un proces­sus trans­verse à toute l’en­tre­prise, c’est un formi­dable vecteur pour commu­ni­quer notre ambi­tion RSE à nos sala­riés. Il s’en­ri­chira en 2017 d’une évalua­tion de nos four­nis­seurs par l’or­ga­nisme EcoVa­dis.

Et en termes de créa­tion de valeur ?

L. S. : Notre objec­tif est de produire et commer­cia­li­ser des produits qui répondent aux attentes de nos consom­ma­teurs et clients. Nous ne pouvons posséder toutes les technologies d’aujourd’hui et de demain en interne, c’est pourquoi nous voulons nous appuyer sur la capacité d’innovation de nos fournisseurs. En résumé, nous souhai­tons commer­cia­li­ser des produits inno­vants, qui se vendent bien, et qui soient profi­tables à toute la chaîne.

Ce label concerne-t-il toutes les direc­tions de l’en­tre­prise (R&D, marke­ting, commu­ni­ca­tion, commer­ciale, logis­tique…) ?

L. S. : Ce label concerne tous les services de l’en­tre­prise, et en parti­cu­lier les services audi­tés : achats, juri­dique, comp­ta­bi­lité four­nis­seurs, RSE, qualité, RH.

La boîte à idées s’en­ri­chit-elle de sugges­tions de colla­bo­ra­teurs, notam­ment en matière de RSE ?

L. S. : Nous n’avons pas de boîte à idées, mais un réseau d’am­bas­sa­deurs RSE, essai­mant dans chaque direc­tion. Ils sont les porte-paroles de la poli­tique RSE et collectent tous les projets desti­nés à faire avan­cer dans leurs direc­tions pour nour­rir la feuille de route de Lesieur. Ces idées couvrent tous les domaines – RH, écocon­cep­tion, réflexes sécu­rité, déma­té­ria­li­sa­tion… – et amènent à pilo­ter une ving­taine de projets RSE par an.

Que recouvre le mot « four­nis­seur » ? de l’amont (matière première) à l’aval (agence de pub, design, rela­tions publiques) ?

L. S. : Dans un premier temps, la démarche de label­li­sa­tion concerne les four­nis­seurs qui livrent des biens et services en lien avec nos produits, c’est-à-dire les ingré­dients, les embal­lages, les huiles et la sous-trai­tance.

À ce jour, combien de vos four­nis­seurs sont-ils concer­nés ?

L. S. : Cela concerne plus de la moitié (envi­ron 60 % ) de notre porte­feuille d’achats en termes de valeur.

Dans quels domaines (achats, qualité rela­tion, RSE…) esti­mez- vous avoir progressé ?

L. S. : La fonc­tion achats a beau­coup évolué. L’ache­teur n’est pas que celui qui négo­cie les meilleurs prix, mais plus celui qui apporte de la valeur ajou­tée à l’en­tre­prise. Nous sommes passés d’un « bon achat » à « bien ache­ter ». De fait, les ache­teurs sont inté­grés dès la phase de concep­tion des produits.

Ce label vous conduit-il à enri­chir la charte Fleur de Colza ?

L. S. : Fleur de colza est une huile de colza dont les graines sont sélec­tion­nées pour leur teneur élevée en oméga-3 et culti­vées en France selon des pratiques cultu­rales respec­tueuses de l’en­vi­ron­ne­ment. Les four­nis­seurs de Fleur de Colza sont dans le péri­mètre de label­li­sa­tion. Nous pour­sui­vons notre démarche de progrès avec les agri­cul­teurs en enri­chis­sant la charte Fleur de Colza chaque année, ce qui entre dans l’état d’es­prit du label. Mais le label RFR n’est pas une charte produits avec des exigences de moyens ou de résul­tats sur les produits, et en ce sens ne va pas modi­fier notre charte Fleur de Colza. C’est un référentiel systémique, qui nous fait progresser sur notre organisation.

Ce label est-il mis en avant dans votre commu­ni­ca­tion externe ?

L. S. : Nous n’avons pas encore décidé de notre plan de commu­ni­ca­tion. Nous atten­dons les résul­tats de l’au­dit.

Vous conduit-il à mettre en place un label simi­laire dans les nombreux pays où Lesieur est présent ?

L. S. : Ce label mis en place par le minis­tère de l’Écono­mie n’est pas à ce jour expor­table sur les socié­tés qui fabriquent à l’étran­ger. En revanche, nos fi liales, qui fabriquent nos produits à l’étran­ger, sont aussi pilo­tées par la direc­tion achats du groupe et appliquent donc les mêmes prin­cipes vis-à-vis de leurs four­nis­seurs.

Promou­voir ce label, n’est-ce pas une manière de valo­ri­ser non seule­ment la marque Lesieur, mais égale­ment la marque France ?

L. S. : Nous verrons comment nous commu­ni­que­rons, si nous le faisons. Nous souhai­tons en tout cas que la marque Lesieur soit asso­ciée à la marque France.

 

Une démarche, quatre critères

La démarche RFR, mise en place par la média­tion inter­en­tre­prises du minis­tère de l’Écono­mie, de l’In­dus­trie et du Numé­rique, vise à distin­guer les entre­prises fran­çaises faisant preuve de rela­tions durables et équi­li­brées avec leurs four­nis­seurs, selon quatre critères prin­ci­paux :

• respect des inté­rêts des four­nis­seurs et sous-trai­tants ;

• impact des achats sur la compé­ti­ti­vité écono­mique ;

• inté­gra­tion des facteurs envi­ron­ne­men­taux et socié­taux dans le proces­sus d’achat ;

• condi­tions de la qualité de la rela­tion four­nis­seur/ sous-trai­tant. Au travers de ce label, le minis­tère a pour objec­tifs d’ac­croître la confi ance entre les acteurs écono­miques, de favo­ri­ser les bonnes pratiques, mais aussi d’af­fir­mer le rôle des grands groupes vis-à-vis des PME/​TPE et de mieux faire appli­quer la loi.

 

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