Vie des marques

Lesieur, mission handicap, mission talents

10/11/2022

Maintien dans l’emploi, travail en milieu ordinaire, formation, sensibilisation au quotidien, attention à la sous-traitance : l’accord de groupe conclu chez Avril couvre de nombreux enjeux associés au handicap en entreprise. Entretien avec Aurélie Jupin, directrice des ressources humaines, Lesieur.

Le groupe Avril (et Lesieur) va-t-il au-delà de la loi de 2005¹ en matière d’emploi des personnes handicapées ?

Aurélie Jupin : Pour renforcer sa politique en faveur des personnes en situation de handicap et continuer d’investir dans une démarche socialement responsable, Lesieur a signé un accord de groupe en 2021, ainsi qu’une convention auprès de l’Agefiph (Association nationale de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées).

Lesieur a un taux de travailleurs en situation de handicap de 6,5 %, soit un peu supérieur à l’obligation légale et souhaite poursuivre dans ce sens.

Par ailleurs, le groupe Avril est doté d’une mission handicap qui a pour rôle d’accompagner les salariés et leurs managers par différentes actions comme la formation et la sensibilisation.

Quels sont concrètement les axes de l’accord sur le sujet signé à l’échelon du groupe Avril ?

A. J. : Cinq axes majeurs structurent cet accord. Tout d’abord le maintien dans l’emploi. C’est-à-dire adopter une démarche d’anticipation, en s’inscrivant dans une logique d’équipe pour permettre d’adapter et de faciliter ce maintien. La mise en place de référent handicap de proximité a été une première étape efficace dans ce cadre.

Les embauches en insertion en milieu ordinaire représentent le deuxième axe. Il s’agit de gagner en visibilité auprès des personnes en recherche d’emploi et de favoriser l’accès à des étudiants au monde du travail.  Cela passe par des partenariats avec des écoles ou agences d’intérim, mais aussi par une communication claire sur l’importance pour Lesieur d’être une société inclusive.

La formation est également un axe prioritaire. Nous souhaitons professionnaliser les acteurs clés pour les embarquer et répondre aux besoins des salariés concernés mais aussi des autres. Une sensibilisation au handicap a donc été intégrée au parcours de formations obligatoires de nos managers au même titre que la sécurité par exemple.

La communication et la sensibilisation de tous sont également primordiales. Nous structurons une communication annuelle mobilisante, pour chasser les préjugés et favoriser l’inclusion de tous. La Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées qui se déroule cette année du 14 au 20 novembre 2022 est une très bonne occasion de sensibiliser nos collaborateurs par des actions sur chacun de nos sites.

Et enfin, dynamiser le recours à la sous-traitance pour favoriser l’emploi indirect de salariés en situation de handicap. Pour ce faire l’ensemble des acheteurs va être formé afin de comprendre comment fonctionne le STPA (secteur du travail protégé et adapté).

Journée d’absence rémunérée

Cet accord inclut-il, le cas échéant, des mesures sur le transport domicile-travail ?

A. J. : Même si cela ne fait pas partie des axes majeurs, des aménagements peuvent être prévus en fonction des situations. Par ailleurs et toujours avec l’objectif de faciliter l’insertion des travailleurs en situation de handicap, une journée d’absence rémunérée par an est autorisée pour les personnes en situation de handicap, notamment pour les démarches administratives et rendez-vous médicaux.

Entre le siège ou les usines, quels sites accueillent surtout des emplois de personnes handicapées ?

A. J. : À ce jour, nos usines ont une population de salariés en situation de handicap plus importante proportionnellement que le siège ou la force de vente.

Et le télétravail ?

A. J. : Le télétravail est une pratique bien intégrée dans notre société, sur la base de deux jours en télétravail et trois jours en présentiel. Cette règle peut être adaptée en fonction des situations.

Plus de 80 % des handicaps seraient « invisibles », résultant d’une infirmité plus ou moins dissimulable (dyslexie par exemple) ou d’une maladie chronique (épilepsie, sclérose, Crohn…). Quels sont chez Lesieur les types de handicap auxquels les postes proposés répondent le plus souvent, dans quelles proportions ?

A. J. : Nous n’avons pas ce type de reporting, néanmoins nos actions en faveur du maintien à l’emploi ont bien pour objectif d’adapter nos postes afin de permettre à nos salariés en situation de handicap de pouvoir exercer leurs métiers. Quand cela n’est plus possible, nous nous efforçons de proposer des reclassements sur des postes plus adaptés.

Primordiale sensibilisation de tous

Quelles sont les fonctions les plus représentées dans les emplois occupés par des salariés handicapés ?

A. J. : Une majorité sont opérateurs de conditionnement, puisque cette catégorie représente la majorité de nos emplois. Nous sommes bien sûr enclins à avoir des salariés en situation de handicap sur l’intégralité de nos postes.

En dehors des situations de recrutement, détectez-vous des salariés devenus handicapés mais qui n’osent le dire par crainte pour leur emploi ?

A. J. : Chez Lesieur, aucun salarié n’a craint de perdre son emploi en raison d’une déclaration de RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé). Néanmoins, lorsque nous communiquons sur ce sujet, certains nous disent craindre davantage le regard des collègues, voire leur propre regard sur eux-mêmes. C’est pour cela que la sensibilisation de tous est primordiale.

La direction RH est-elle appelée à des arbitrages difficiles entre le dépistage des handicaps « invisibles » et l’embauche de personnes souffrant de handicaps plus discriminants sur le marché de l’emploi parce que plus visibles ?

A. J. : Le recrutement comme le « dépistage » font parties intégrantes de notre politique de diversité et de notre culture d’entreprise. Ce type d’arbitrage n’a donc pas lieu d’être.

Le dépistage des handicaps « invisibles » parmi le personnel en place expose-t-il l’entreprise au risque de se voir reprocher de remplir un quota d’emplois « handicap » à moindres frais ?

A. J. : Nous n’avons pas eu ce type de remarque. Nous sommes convaincus que la diversité est source de performance, et nous souhaitons que chacun de nos collaborateurs puisse être lui-même chez nous.

Référents handicaps

Y a-t-il dans l’équipe RH des personnes qui se consacrent particulièrement à l’accueil et au suivi de des salariés souffrant d’un handicap ?

A. J. : Florian, le référent handicap Lesieur, fait en effet partie de l’équipe RH. Et c’est avec beaucoup enthousiasme qu’il endosse cette mission ! Des référents handicap sur l’ensemble de nos sites sont également nommés, et certains font partie de l’équipe RH locale également.

Les stages proposés par le groupe sont-ils accessibles aux personnes handicapées ? Par quel vecteur (Handi-CV, Talents Handicap, intérim…) ?

A. J. : Oui, absolument ! Ces offres sont accessibles sur Capemploi et sur Hanploi.com. Nous participons également au forum emploi Talents Handicap.

Avez-vous établi des passerelles avec les établissements et services d’aide par le travail (Ésat), afin de faciliter la mobilité professionnelle (et géographique) de travailleurs handicapés ?

A. J. : Nous avons des partenariats avec des Ésat sur de la prestation de services, mais ne travaillons pas avec eux sur des sujets de mobilité. Nous travaillons aussi avec des associations (Arpejeh) pour accompagner la recherche d’emploi de jeunes étudiants.

Souhaitable simplification pour les intéressés

Comment sont vécues en interne, par les autres salariés, vos actions d’insertion de personnes handicapées ?

A. J. : Il y a une très bonne perception de nos équipes, car la diversité et l’inclusion font partie de notre culture d’entreprise. C’est pourquoi, outre nos engagements en matière de handicap, nous avons signé récemment la charte LGBT+ de l’Autre cercle et nous nous engageons également au quotidien sur l’embauche des femmes dans l’industrie, sur la parentalité, ou encore sommes vigilants quant à l’équilibre de notre pyramide des âges. Le respect est une de nos trois valeurs et l’inclusion l’un des engagements réaffirmés dans notre raison d’être « Servir la Terre ».

Voyez-vous des évolutions réglementaires qui seraient souhaitables pour faciliter l’action des entreprises en faveur des travailleurs handicapés ?

A. J. : Des actions réglementaires ou contraignantes ne sont pas forcément nécessaires, les campagnes de sensibilisation mise en place dans les médias ou les écoles sont importantes, afin de sensibiliser le maximum de Français, dès le plus jeune âge. Toutes actions visant à accompagner les écoles et organismes de formation, afin qu’ils puissent adapter leur accessibilité et leur contenu pour former toujours plus des personnes en situation de handicap, seraient également bénéfiques. Tout comme la simplification de la démarche de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé.

¹ Loi « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées ».

Propos recueillis par François Ehrard

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