Briochin, opérations Savon noir
18/08/2025
La marque Briochin a été créée en 1919 : comment résumeriez-vous l’histoire et la personnalité de cette centenaire ?
Carole Doche Lemoine : Elle a été créée à Saint-Brieuc par Raoul Renaud, un marchand cirier qui voulait supprimer la cire sur ses mains, les taches tenaces sur les vêtements, le sol. Le produit, un savon noir à base d’huile de lin, reçut le prix de la Foire de Brest en 1919. Le nom Briochin fut donné en hommage aux habitants de Saint-Brieuc. Il a bâti sa réputation sur l’efficacité du produit, d’abord auprès des droguistes et artisans, puis à compter des années 2000 auprès des particuliers dans les grandes surfaces alimentaires. L’expertise de Briochin est depuis partagée par tous les consommateurs dans leur vie quotidienne grâce à une gamme de produits répondant aux besoins de toute la maison, du sol au plafond.
De combien de sites industriels dispose Briochin ? Que vous apporte d’avoir rejoint en 2021 le groupe Altaïr (marques Starwax et Kapo) ?
C. D. L. : Briochin a deux sites industriels en France. L’un près de Lille (Noyelles-lès-Seclin), l’autre dans le Sud, à Aubagne, pour la fabrication de poudre. Grâce à Altaïr, Briochin bénéficie d’une convergence de produits d’antan (savon noir, vinaigre de ménage, bicarbonate de soude, acide citrique), une complémentarité des circuits de distribution et de multiples synergies potentielles, que ce soit en termes d’achats, d’approvisionnement, de veille réglementaire, de développement de gammes et de recherche-développement. Altaïr apporte à Briochin des moyens industriels en hommes, en finance, en support sur le plan opérationnel auprès des clients. Le groupe est ainsi devenu numéro un européen de la droguerie traditionnelle, made in France.
Briochin est-il actif à l’export ?
C. D. L. : Briochin est très présent en Asie (Corée du Sud et Taïwan), en Europe de l’Ouest : Belgique, Suisse, et Espagne depuis l’année dernière. Nous mutualisons notre réseau de distribution avec l’ensemble des unités économiques d’Altaïr pour consolider notre internationalisation et augmenter sa part, aujourd’hui de 5 % .
Huit produits sur dix certifiés Écocert
Dans quels domaines portent principalement la R&D et l’innovation, avec des produits qui se revendiquent d’un « savoir ancestral » et d’une « origine naturelle, tout aussi efficaces que les formules de synthèse » ?
C. D. L. : Notre mission est d’offrir le meilleur de la tradition au service de la vie d’aujourd’hui. La R&D est experte des produits d’antan et a développé un savoir-faire unique qu’elle met au service de formulations toujours plus efficaces et naturelles. Notre dernière innovation, lancée en avril 2025 : des feuilles de lessive à base de savon noir ou bicarbonate, une nouvelle façon de laver le linge moins gourmande en eau et en plastique, avec toujours la même efficacité. Autre innovation, un vinaigre de ménage parfumé pour répondre aux consommateurs convaincus de son efficacité qui n’apprécient pas l’odeur piquante du vinaigre. Depuis 2024, nous avons déployé Briochin sur de nouveaux segments : les capsules de lessive, avec une formule concentrée Écolabel à base de savon noir, et les tablettes lave-vaisselle, avec une offre à base de cristaux de soude ultradégraissante et certifiée Écocert.
Diriez-vous que Briochin a la « responsabilité territoriale des entreprises » – contribution collective au bien commun sur un territoire – inscrite dans ses fondations ?
C. D. L. : Nous privilégions les approvisionnements locaux pour les étiquettes, les emballages et les matières premières, pour favoriser le rayonnement du territoire et des entreprises françaises implantées à moins de deux cents kilomètres de notre site. Nous avons des bureaux à Saint-Malo, le siège de l’entreprise, et à Rennes, pour rayonner dans la métropole bretonne et attirer de jeunes talents.
Briochin est une entreprise très engagée pour le bien commun, comme l’attestent nos 80 % de produits certifiés Écocert. Elle a été une des premières marques à lancer des recharges dans les segments produits vaisselle et lessive, qui économisent plus de 70 % de plastique par rapport aux formats standard. Nos formulations ont dans la majorité des cas plus de 90 % d’ingrédients d’origine naturelle. Nos emballages sont en plastique recyclé recyclable. Avec Altaïr, nous travaillons au quotidien pour réduire l’empreinte environnementale de nos produits et de nos marques. Nous sommes également engagés à faciliter la compréhension des consommateurs avec des étiquettes et des contenus qui les aident dans leurs choix.
Quelles sont vos actions et trajectoire pour la décarbonation de vos activités industrielles ?
C. D. L. : Notre ambition est d’avoir divisé par deux notre empreinte carbone en 2030 par rapport à 2021. La démarche a été validée par la Science Based Targets Initiative, qui valide les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre du groupe Altaïr, avec les objectifs suivant : moins 42 % pour nos « scopes » 1 et 2, et moins 25 % pour le scope 3. Nous avons quatre chantiers majeurs : l’énergie, le fret, les formulations et les emballages. Nous avons adopté des emballages en plastique cent pour cent recyclé pour nos pompes à vaisselle et un sachet refermable, recyclable, pour la lessive. Côté formulations, nous avons retiré un ingrédient non essentiel de notre formule de décapant pour cuisine. Ces actions contribuent à améliorer le bilan émissions de nos produits. Dans nos procédures d’innovation ou de rénovation, nous en suivons l’amélioration avec un indicateur extrafinancier.
En 2024, Briochin a reçu le « Grand Prix du produit Made in France » pour son savon noir. Pour ce prix, un produit doit « se démarquer sur son marché, en apportant une vraie valeur ajoutée au consommateur par son positionnement différent ». Quelle valeur ajoutée apporte votre savon noir ?
C. D. L. : Le Salon du made in France nous a sollicités pour nous remettre cette distinction, alors que nous n’étions pas exposants, ce qui est très gratifiant. La valeur ajoutée du savon noir est la même que celle apportée par la recette de 1919, restée la plus efficace du marché à ce jour. Cette recette est la plus dégraissante et détachante, grâce à un procédé de saponification authentique. Son atout supplémentaire, elle est enrichie à l’huile de lin, et Écocert avec 99 % d’ingrédients d’origine naturelle. Briochin est l’un des derniers ateliers de production en France à respecter la saponification traditionnelle.
Quelles retombées attendez-vous de ce prix auprès des consommateurs ?
C. D. L. : C’est une consécration pour Briochin qui atteste auprès des consommateurs de son savoir-faire authentique. C’est aussi une reconnaissance par le public de son expertise ancestrale et de sa production française. Nous avons célébré ce prix avec un emballage événementiel bleu blanc rouge et une illustration qui fait un clin d’œil à la culture française.
Propos recueillis par Jean Watin-Augouard