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IAA, des industries qui innovent

05/09/2018

Ce n’est pas aux industries de PGC, spécialement les alimentaires, que l’opinion publique associe spontanément l’idée d’innovation. Et pourtant…

« Les industries agroalimentaires comptent parmi les plus innovantes des industries. » Un constat établi par Jeanne-Marie Daussin (SSP, Bureau des statistiques des industries agricoles et alimentaires), dans son étude de 2018 consacrée à l’innovation dans ce secteur[1]. C’est ainsi qu’entre les périodes 2010- 2012 et 2012-2014 le taux d’innovation – ou nombre d’entreprises innovantes – dans les industries agroalimentaires françaises a augmenté de 61 % à 69 %, porté par les innovations technologiques, quand il ne progressait que de 56 % à 60 % dans l’ensemble des industries manufacturières. Ce qui place les industries agroalimentaires au deuxième rang, après le secteur de l’information et de la communication (71 % ) et au-dessus des autres industries manufacturières (60 % ). Autre indicateur de leur performance : elles sont au troisième rang (21 %)[2] en termes de « produits nouveaux » lancés sur le marché. 

L’auteur souligne que « l’innovation est plus fréquente dans les industries agroalimentaires que dans les industries manufacturières (69 % contre 48 % ), mais les entreprises agroalimentaires innovantes dépensent relativement moins pour l’innovation (1,3 % du chiffre d’affaires contre 3,4 % ) ». En termes d’innovation, Jeanne-Marie Daussin distingue quatre catégories (en pourcentage du nombre total d’entreprises) : entreprises qui ont créé ou amélioré significativement un produit (31 %), introduit ou modifié un procédé de production (33 % ), un mode d’organisation (39 % ) ou une stratégie de commercialisation (37 % ). L’importance de cette dernière catégorie témoigne que les entreprises agroalimentaires innovent plus en marketing que l’industrie manufacturière en général (24 % ). Mais si l’on s’en tient à la part du chiffre d’affaires consacré à l’innovation en produits nouveaux, elle est moitié moins importante dans les industries agroalimentaires (5 % ) que dans l’industrie manufacturière dans son ensemble (10 % ).

Le taux d’innovation varie selon la taille des entreprises. Les entreprises de 250 salariés et plus innovent technologiquement plus souvent (79 % ) que celles de 20 à 249 salariés ou de moins de vingt salariés (respectivement 55 % et 36 % ). Elles sont aussi proportionnellement plus nombreuses (51 % ) que les entreprises de 20 à 249 et celles de 10 à 19 salariés (27 % et 11 % ) à lancer des produits nouveaux.

En revanche, un tiers des entreprises de 10 à 249 salariés qui innovent en produits innovent aussi en services nouveaux, mais seulement un cinquième dans les entreprises de 250 salariés et plus.

Deuxième type étudié par Jeanne-Marie Daussin : l’innovation en organisation. L’auteur observe que « 78 % des entreprises des industries agroalimentaires ayant innové déclarent que cette innovation visait à améliorer le travail et la prise de décision, 71 % les procédures et 29 % les relations externes ».

L’innovation en marketing, troisième type, porte principalement sur des améliorations de design ou d’emballages pour les industries agroalimentaires (74 % ), plus que pour l’industrie manufacturière (52 % ). À l’inverse, l’auteur constate que « les techniques de promotion (44 % ), méthodes de vente ou de distribution (22 % ) ou les innovations en stratégie de tarification (26 % ) sont moins souvent utilisées dans les industries agroalimentaires que dans l’industrie manufacturière ». Elle précise que « les entreprises innovantes en marketing déclarent avoir recours aux nouveaux designs ou emballages plus souvent quand elles ont 250 salariés ou plus ».

Sur le plan de la R&D, les industries agroalimentaires se distinguent par « un recours particulièrement important ». C’est ainsi que 70 % d’entre elles qui ont innové en produits ou en procédés ont acquis de nouvelles machines, de nouveaux équipements ou des logiciels en 2012- 2014, taux qui n’est que de 53 % dans l’ensemble des entreprises marchandes ayant innové technologiquement. Pour autant, si l’on rapporte les dépenses liées à l’innovation au chiffre d’affaires, celles des industries agroalimentaires sont plus faibles que celles des industries manufacturières : 1,3 % du chiffre d’affaires en 2014 (1,1 % en 2012) contre  3,4 % (comme en 2012).

Enfin, levier de création de valeur et mesure de la protection de l’innovation, les dépôts de marque concernent 25 % des innovations des entreprises agroalimentaires pour moins d’un cinquième des innovations de l’industrie manufacturière. En revanche, seulement 6 % des industries agroalimentaires ont déposé un brevet, au lieu de 20 % des « industries manufacturières ».

[1] L’innovation dans les industries agroalimentaires, Agreste « les Dossiers », n°42, avril 2018.
[2] 23 % pour les autres industries manufacturières et 37 % pour le secteur information et communication.

J.W.-A.

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