“Vous me mettrez le tiers du marché”
08/07/2025
Le communiqué commun Carrefour-U du 7 juillet annonce que Concordis, « nouvelle alliance européenne aux achats », devrait persévérer dans l’être au moins six ans, jusqu’en 2032, dans les pays où Carrefour (France et Europe pour les trois quarts de son CA) [1] et Coopérative U (France et très modestement Afrique) [2] sont présents. Avec une double activité : achat et vente de « services ». En attendant de nouveaux partenaires en Europe, et une éventuelle coopération dans les marques de distributeur, avec des « appels d’offres conjoints », Concordis représente déjà en France une part de marché de 34 %.
Sans surprise, le « verbatim » du PDG de Carrefour Alexandre Bompard dans le communiqué vante la « massification des volumes » (mantra jamais étayé d’aucune démonstration quant aux effets prétendument bénéfiques pour les consommateurs), la « négociation directe » (en empilant les structures ?) et la « vente de services internationaux » (inexistants dans la plupart des cas, et dans les autres vendus très au-delà de leur valeur, comme il est de tradition depuis vingt ans avec les ententes internationales entre enseignes).
Évidemment localisée hors de France (à Bruxelles), assez loin du droit français et de ses dispositions protectrices pour le revenu agricole et les implantations industrielles, l’alliance Concordis affiche la mine d’un « strict respect du droit de la concurrence », moyennant une information à l’Autorité de la concurrence « avant la fin de ce mois » (juillet) – ça devrait bien se passer. Elle s’appuiera sur « la présence européenne de Carrefour et le savoir-faire international de ses filiales CWT » (vente de services) « et Eureca » (achats domiciliés à Madrid), « qui seront désormais au service de l’alliance ». Mais aussi, ajoute drôlement le communiqué, sur « l’expérience de Coopérative U acquise dans ses précédentes coopérations internationales ». Une expérience relative, puisque l’enseigne s’était jointe en janvier 2024 à Everest en démentant « formellement toute volonté de détourner la loi française » [3], et l’avait quittée neuf mois plus tard parce que ce scrupule n’y était pas compris et qu’U n’y était pas « heureuse » [4].