Bulletins de l'Ilec

Un message du ministre de l’Économie et des Finances

L’appel du 17 juin - Numéro 354

01/06/2004

Nos lecteurs ne l’ignorent probablement pas. Le 17 juin, sous l’égide de Nicolas Sarkozy, ministre d’État chargé de l’Économie, distributeurs et industriels se sont engagés dans une audacieuse opération qui consiste à baisser d’un même élan les prix des grandes marques vendues par la grande distribution, en même temps que les trop fameuses marges arrière. Inversion annoncée d’une tendance lourde, qui remonte à plusieurs décennies. Amorce aussi d’une refonte du droit applicable aux relations industrie-commerce, avec une commission d’étude confiée à Guy Canivet, le président de la Cour de cassation. L’ambition est immense, le défi de taille. Mais le ministre d’État n’est pas homme à se laisser impressionner. Avec la pugnacité qu’on lui connaît, il demande aux professionnels de s’engager.

« L’accord du 17 juin 2004 pour une baisse durable des prix à la consommation » va faire bénéficier les consommateurs français, d’ici au mois de septembre, de la neutralisation d’une année d’inflation. C’est une perspective substantielle pour le pouvoir d’achat des ménages, la consommation et le soutien de la croissance. C’est également un point important pour l’avenir du modèle français de consommation, actuellement compromis par la dérive des prix et l’enlisement des tentatives antérieures de dialogue.

Compte tenu de la notoriété des entreprises qu’il représente et du poids des produits de marque dans la consommation et l’imaginaire des ménages, la participation de l’Ilec était évidemment indispensable. Elle est d’autant plus remarquable qu’à la différence des PME, les industriels rassemblés au sein de l’Ilec partageront, à égalité avec les distributeurs, le coût économique de cette opération sans précédent de baisse des prix.

Cette question du « partage égal » de la charge a cristallisé les oppositions et constitué le point dur de la négociation. Dans ce débat difficile, je ne sous-estime nullement les enjeux économiques, industriels et commerciaux qui sont en cause. Je sais aussi que c’est le gel des marges arrière et leur réduction d’un point en moyenne dès 2005 qui a constitué, pour les industriels, la principale motivation pour dépasser la question de l’égale répartition de la charge.

De même qu’il fallait conclure un accord, il faut maintenant, et pour les mêmes raisons, l’appliquer : transférer de la marge arrière en marge avant, diminuer les prix et les tarifs dans les conditions prévues par l’accord, geler les marges arrière. Le gouvernement veillera au respect de l’engagement dans toutes ses composantes et tirera de ses contrôles toutes les conséquences appropriées.

Il faut aussi faire vivre l’esprit de l’accord. C’est le rôle spécifique des pouvoirs publics et, à mes yeux, l’aspect le plus déterminant. L’accord du 17 juin n’est en aucun cas un aboutissement. Il est au contraire le premier pas d’un processus de reconstruction qui se poursuivra dès la rentrée de septembre 2004 et que chacun espère durable. Il est un signe adressé au gouvernement de réexaminer, sans concession, la législation et son application, et prendre les mesures nécessaires pour rétablir les distributeurs dans leur vrai métier, permettre une réelle concurrence par les prix et garantir une plus grande loyauté dans les relations commerciales.

La commission présidée par Guy Canivet, que j’ai choisi pour sa grande compétence en la matière, sa hauteur de vue et son envergure intellectuelle, me fera des propositions en octobre prochain. Vous pouvez compter sur ma totale détermination pour leur donner les suites requises.

Nicolas Sarkozy

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