Bulletins de l'Ilec

VirginMega, ou la recherche de la simplicité - Numéro 355

01/08/2004

Entretien avec Laurent Fiscal, directeur général de VirginMega

Comment se singularise VirginMega dans l’univers du commerce électronique ? Laurent Fiscal : Le commerce électronique regroupe la vente de produits physiques comme le pratiquent, dans le secteur musical, Fnac.com ou Amazon.com, et la vente de téléchargements, un type de commerce particulier puisqu’il s’agit de produits immatériels, de la musique à télécharger. Virgin a créé un site pilote en avril 2002 pour participer à la structuration du marché, même si, à l’époque, les conditions de développement d’un marché du téléchargement légal n’étaient pas encore réunies. Ces conditions sont le développement du haut débit et de l’utilisation des baladeurs numériques, l’ouverture des catalogues des maisons de disques et la baisse de la piraterie. Depuis deux ans, elles sont réunies, bien que la piraterie fasse encore des ravages. Nous allons assister, d’ici à la fin de l’année, au décollage du téléchargement légal. Comment réduire la piraterie ? L. F. : Une grande partie du téléchargement se fait encore dans l’illégalité, d’où la nécessité de faire savoir, par un travail d’éducation, qu’il existe des offres légales, aux atouts indéniables, comme la sûreté des téléchargements, la qualité d’un fichier sans virus, la richesse du catalogue, et surtout la légalité, au regard des prochaines mesures répressives prises à la suite des actions en justice du Snep, de la Sacem ou de la SCPP (Société civile des producteurs phonographiques) comme cela s’est fait aux Etats-Unis. En tant que distributeur de produits spécialisés, VirginMega répond au piratage en mettant en place une offre légale. Quels sont vos fournisseurs ? L. F. : Ce sont les mêmes que dans le monde physique, à savoir les cinq majors de la musique, des contrats cadres avec des indépendants français et des contrats individuels. Nous proposons trois cent mille titres. Existe-t-il un profil type de consommateur ? Quels sont ses achats ? L. F. : S’il est un profil type aujourd’hui, c’est encore le jeune adulte. Il choisit de plus en plus l’offre légale VirginMega, car nous proposons de nombreux catalogues dits locaux, rassemblant des chanteurs spécifiques au marché français, à l’opposé des catalogues internationaux. Nos clients souhaitent un service simple d’utilisation dans son modèle de distribution (vente à la carte des albums et des titres), simple dans son ergonomie, simple dans son expression commerciale (deux niveaux de prix) et simple en téléchargement. Nous voulions éviter tout système intrusif, grâce en particulier au système de l’achat express. Enfin, le mode de paiement est sécurisé et flexible (carte bancaire, code prépayé avec porte-monnaie virtuel). Nous sommes les premiers à proposer le micro-paiement avec la facture France Télécom. En termes d’achats, on retrouve la typologie des ventes de produits physiques. Vous venez de saisir le Conseil de la concurrence, car Apple refuse de vous accorder une licence de sa technologie… L. F. : Pour pouvoir faire du téléchargement légal, il faut disposer de moyens logiciels qui permettent un degré élevé de sécurité. Ces moyens dépendent de certaines ressources techniques. Nous utilisons celle de Microsoft, Windows Media Player, mais nous souhaitons, conformément à notre vocation de rendre la musique accessible au plus grand nombre, que le client puisse télécharger ses musiques sur VirginMega et les utiliser quel que soit son baladeur, Microsoft, Sony ou Apple. Or certains acteurs profitent de leurs technologies propres pour fermer les marchés. Quel est l’avenir du magasin en dur face au magasin virtuel ? L. F. : Aujourd’hui, plus de 99 % de l’activité du marché a encore lieu dans le monde physique. Les clients sont encore très attachés à la jaquette de disque, aux paroles imprimées et aux photos. Même si le téléchargement se développe, beaucoup de ponts restent à lancer entre le physique et le numérique. Comment se situe le marché français ? L. F. : Aujourd’hui, les Etats-Unis sont le premier marché, avec cent millions de téléchargements légaux. La Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne sont les trois autres marchés appelés à se développer rapidement. Quelles sont les particularités d’une marque de commerce électronique ? L. F. : La marque Virgin a déjà dans ses gènes des attributs très forts, comme la musique, la jeunesse, le dynamisme et la modernité. VirginMega les a fait siens, en intégrant ses propres particularités, dont l’approche locale du catalogue, qui vise à répondre aux attentes des consommateurs.

Propos recueillis par Jean Watin-Augouard

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