Bulletins de l'Ilec

La réforme, oui, la planification, non ! - Numéro 400

01/05/2009

Entretien avec Bernard Deslandes, directeur général délégué en charge du développement, Ségécé

Le rapport Charié répond-il à vos attentes ? Bernard Deslandes : Les aspects positifs portent sur la possibilité de conduire les agglomérations à définir et adopter, pour une période de temps longue, leurs politiques et priorités en matière d’implantation d’équipements commerciaux. Cela doit permettre de clarifier les règles du jeu. En revanche, nous sommes inquiets quant à la volonté de réglementer dans le détail la programmation des équipements commerciaux. Quelle place et quel rôle pour les centres commerciaux dans ce « mieux vivre ensemble » préconisé par Jean-Paul Charié ? B.D. : Ils représentent une des meilleures manières d’organiser différentes activités commerciales dans un même lieu, à l’opposé des implantations anarchiques dénoncées. Que ce soit en centre-ville ou en périphérie, le centre commercial permet d’allier moyennes surfaces structurantes et boutiques. Il constitue un pôle fort capable de rayonner et d’attirer. L’entrée du droit commercial dans le droit de l’urbanisme constitue-t-il une révolution ? B.D. : En France, oui après plus de trente ans de licence commerciale distincte du permis de construire. En dépit de l’inflexion amorcée depuis quelques années en faveur de la densification urbaine, l’étalement urbain s’est poursuivi en France. Qu’est-ce qui vous fait penser que le volet de l’urbanisme commercial contribuera à inverser vraiment la tendance ? B.D. : La densification urbaine dépasse largement le problème de l’urbanisme commercial. Le commerce s’est installé en périphérie, aussi parce que les habitants vivent en périphérie. C’est le plaisir de vivre en ville qui sera le moteur de la densification et du retour à la ville. Pour cela la qualité des politiques et des réalisations urbanistiques sera la clé de ce processus. Les mesures préconisées dans le rapport permettent-elles de contre balancer l’appropriation des centres-villes par des activités de services de types banques, assurances, agences immobilières ? B.D. : Construire en centre-ville est plus compliqué, plus long, plus coûteux. Le rapport pourra difficilement contrebalancer ces phénomènes. Les Dac, Scot et Plu sont-ils de nature à simplifier les procédures d’installation ? B.D. : Oui, si ces documents sont mis en conformité les uns par rapport aux autres très rapidement et si leur mise en œuvre ne crée pas davantage d’incertitudes juridiques, de contradictions d’un document à l’autre, de difficultés d’interprétation par les services instructeurs. Que pensez-vous des critères d’architecture et d’écologie ? B.D. : Ils doivent être traités au stade du permis de construire avec des règles suffisamment claires permettant aux opérateurs d’y satisfaire. Quelles sont vos prochaines inaugurations de centres commerciaux ? B.D. : La restructuration de Lomme en septembre 2009 et l’extension de Blagnac en octobre 2009. Quels sont selon vous les écueils et les points du rapport à éclaircir ? B.D. : Vouloir administrer dans le détail les formes de commerce qui doivent s’implanter ne semble pas pertinent. Il faut donner des orientations, des priorités de zones commerciales à développer en fonction des politiques urbaines des agglomérations. Vouloir trop planifier dans le détail conduira à des impossibilités, des blocages, voire des détournements. Il faudra veiller à la mise en œuvre précise des textes pour ne pas créer de nouvelles zones d’incertitudes juridiques.

Propos recueillis par J.W.-A

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