Entretiens

Conditionnement

Carambar&Co à l’assaut du vrac

11/02/2020

Emballés à l’unité comme Carambar ou nus comme Lutti, les bonbons de Carambar & Co étendent le royaume du choix et du plaisir. Entretien avec Bénédicte Pichard, directrice du category management, Carambar & Co

Bonbonrama, Dagier.fr, Bonbon-et-chocolat.com, Amazon et bien d’autres sites vendent Carambar « en vrac », comme ils l’indiquent. Mais il s’agit ici davantage de vente en gros que de vrac… La vente à l’unité d’un Carambar peut-elle être considérée comme de la vente en vrac ? Ou celle-ci doit-elle se faire sans l’emballage, le produit étant alors « nu », pour être considérée comme du vrac ?

Bénédicte Pichard : La vente en vrac permet de répondre à deux attentes principales dans le secteur du bonbon : avoir la variété (le consommateur fait son propre assemblage) et le choix de la quantité : un seul bonbon, un kg ou plus, avec la répartition souhaitée. Et la tarification est en général au kg. Elle peut être proposée dans certains magasins selon des conditionnements (sachets) vides mais à un prix prédéfini.

Le concept de la vente en gros est différent : il s’agit d’acheter un gros conditionnement (emballage primaire), avec lequel le consommateur ne peut pas faire ses propres choix, dont celui de la quantité.

L’article à la pièce est un troisième cas de figure où le produit est proposé à l’unité et peut donc, comme avec le vrac, être acheté en petite quantité ou en quantité plus importante. Dans ce cas, la tarification se fait à l’unité et le conditionnement permet en général de l’exposer directement dans le point de vente (boulangerie par exemple).

Jusqu’où peut-on réduire l’emballage (suremballage, boîte de présentation en carton…) ? Des produits comme Lutti, non emballés, sont commercialisés en sachet, et Carambar en papillote : est-ce du vrac ?

B. P. : Il s’agit de vrac tant pour Lutti que pour Carambar. Ce qui fait le vrac, c’est que le consommateur fait son propre mélange. L’emballage pour le point de vente est réduit au minimum : une « poche » ou « gaine » qui reprend les éléments essentiels de communication (ingrédients, poids…) et qui est d’un poids plus important que les sachets classiques (plusieurs kgs en général), permettant de limiter les emballages superflus. Enfin le produit est proposé au consommateur sans emballage primaire.

Dans quelles épiceries de vrac Carambar est-il commercialisé ?

B. P. : Les produits Carambar&Co sont présents dans la plupart des épiceries vrac de qualité !

Une réelle attente des consommateurs

Les consommateurs attendent-ils de Carambar qu’il soit vendu en vrac ? Et toute autre confiserie de Carambar&Co : Lutti, Vichy, Kréma, Malabar, Rocher Suchard, La Pie qui chante, Treets ? Est-ce nécessaire à l’image de Carambar comme marque responsable ?

B. P. : Dans ce qui freine les consommateurs devant l’achat en vrac, deux raisons principales remontent : « Mes marques habituelles ne sont pas en vrac », « Les points de vente que je fréquente ne proposent pas de vrac ». C’est donc répondre à une réelle attente que de proposer des produits en vrac. Par ailleurs, Carambar&Co est un acteur engagé dans une démarche responsable par l’amélioration des produits pour l’ensemble de son portefeuille, vrac ou pas, et par divers engagements RSE.

Vendre en vrac sans emballage, comme les biscuits et bonbons sur les marchés, est-possible et souhaitable ?

B. P. : Quel marché aujourd’hui n’a pas un stand de bonbons qui donne aux enfants des étoiles dans les yeux ? Cela peut même être une motivation pour accompagner les parents. C’est aussi souvent l’occasion d’un premier acte d’achat en toute autonomie : « Je te donne une pièce, et tu te débrouilles. » La vue des couleurs, l’appétence des produits, la variété à portée de main, c’est un levier fort de plaisir.

Carambar n’est-il pas associé dans l’imaginaire des enfants aux blagues sous le papier jaune et rouge ? Quels signes, autres que la forme, pourraient les remplacer avec un produit « nu » ? Peut-on « démarketer » Carambar ? La pastille Vichy, blanche, octogonale, avec son nom sur le produit, n’aurait pas la même contrainte, ainsi que Treets…

B. P. : Tout à fait, le bonbon Carambar est intimement lié à la blague. Ce n’est pas un produit qui a vocation à être nu ! En revanche, d’autres marques comme Lutti ou Vichy peuvent tout à fait vivre nues.

Le vrac est-il le mode de vente le mieux adapté à l’achat d’impulsion ? Un levier d’ubiquité ?

B. P. : L’ubiquité est un facteur majeur d’impulsion pour le bonbon. La vente en vrac est donc complémentaire de la vente en sachet.

Peut-on parler de « juste dose » pour la confiserie en vrac, alors que le plaisir ne porte pas au dosage ?

B. P. : La juste dose, c’est la dose que je choisis, qui n’est pas prédéfinie comme c’est le cas avec les sachets traditionnels.

Hétérogénéité des circuits et élasticité du prix

Le vrac peut-il remettre du plaisir dans l’acte d’achat (contact, interaction …) en GMS ?

B. P. : Le vrac correspond à des attentes des consommateurs. L’interaction avec le produit, se servir, choisir la quantité, faire son propre mélange, rend le consommateur plus acteur, et le fait de se servir peut s’avérer ludique. Dans le cas du bonbon, l’interaction avec les produits, leurs couleurs, leurs variétés, est un vrai levier de plaisir et permet de se projeter dans la consommation, chez soi ou à l’endroit où l’on se trouve au moment de l’achat, ou sur le chemin : « Et hop, je pioche juste un bonbon dans le paquet ! », selon un mode de consommation immédiate et nomade.

Le circuit grossiste, et ses coûts plus élevés que la vente en directe ou en GMS, relève-t-il le prix du vrac ? L’élasticité du prix est-elle plus forte que pour d’autres marchés ?

B. P. : L’élasticité au prix est en effet élevée sur le marché du bonbon. C’est le reflet d’une distribution dans des circuits très hétérogènes et dont les coûts de fonctionnement sont probablement très différents. Par ailleurs, le bonbon reste un produit impulsif, très accessible et dont le prix est rarement un frein.

Carambar&Co pourrait-il ouvrir son propre magasin de vente en vrac, comme M&M’s ?

B. P. : L’idée de vendre en direct ses propres produits, en vrac ou pas, est très séduisante pour une marque !

La démarque inconnue est-elle le cauchemar numéro un de la vente en vrac ?

B. P. : Je ne dispose pas d’informations précises à ce sujet. Néanmoins, cela ne semble pas poser de problèmes sur les marchés de fruits secs ou de graines (qui sont les premiers marchés du vrac et qui peuvent également se prêter à une consommation « immédiate »).

Quelle collaboration attendez-vous des distributeurs pour valoriser le vrac ?

B. P. : Le vrac va et doit se développer pour répondre aux attentes des consommateurs et accompagner la mutation globale de la consommation. Dans ce cadre, nous sommes à l’écoute de toute réflexion visant à renforcer ce type de consommation.

Propos recueillis par Jean Watin-Augouard

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