Entretiens

Entreprises approuvées par la Mer

23/05/2022

Depuis 2021, avec “Ocean Approved” un label certifie la minimisation des retombées négatives de l’activité des entreprises pour l’écologie marine. Entretien avec Philippe Guy, directeur du développement international de la Fondation de la Mer.

En 2021, la Fondation de la mer a lancé avec Bureau Veritas “Ocean Approved”, le premier label à vocation internationale consacré à la préservation de l’Océan. Comment est-il construit, autour de quels critères écologiques leviers d’action ?

Philippe Guy : La bonne santé de l’océan est essentielle à l’équilibre de la planète. Il est le principal régulateur du climat, la principale réserve de biodiversité et notre poumon bleu, produisant la moitié de l’oxygène. On ne peut pas prétendre agir pour le climat ou en faveur de la biodiversité sans prendre en compte l’océan. Elles ne le réalisent pas nécessairement, mais toutes les entreprises ont un lien à l’océan, et la possibilité d’agir pour sa protection.

Le label Ocean Approved, lancé par la Fondation de la Mer le 8 juin 2021, permet à toutes les entreprises, de toutes tailles et de tous secteur, de comprendre et d’identifier leurs nombreuses relations avec l’océan, de mesurer leur impact et ainsi de se donner les moyens d’agir. Le label est accordé pour une durée de trois ans, avec deux niveaux. Le premier implique un objectif de moyens, le second un objectif de résultats. Le coût de l’audit initial et intermédiaire réalisé par un organisme tiers partenaire de la Fondation de la mer, dont Bureau Veritas, est fonction de la taille et des activités de l’entreprise. La redevance annuelle du label est assise sur le chiffre d’affaires (cinq pour cent mille), avec un prix plancher de 1 500 euros et un prix plafond de 12 000 euros.

Comment ce label est-il construit, autour de quels critères écologiques leviers d’action ?

P. G. : Le label se fonde sur le « Référentiel Océan », une traduction opérationnelle de l’objectif de développement durable n°14 des Nations unies (« ODD14 ») conçue par la Fondation de la mer avec le Boston Consulting Group. Cet outil, qui est une première mondiale, est devenu une référence pour les entreprises qui souhaitent intégrer l’océan dans leur stratégie. Le Référentiel Océan est structuré autour de trois axes : ce que l’entreprise prélève dans l’océan ; ce que l’entreprise déverse dans l’océan ; et les sujets transverses comme les questions de gouvernance. Trente-deux catégories sont associées à quarante-quatre effets de levier, définis et validés par un conseil scientifique et technique. Les principes sont « identifier », « éviter » et « réduire » les impacts de l’entreprise sur l’Océan.

Charte des labels RSE

Comment est-il piloté par la Fondation ?

P. G. : S’inspirant des meilleures pratiques des labels internationaux, la Fondation de la Mer a mis en place une gouvernance exclusive au label. Le comité scientifique et technique présidé par Françoise Gaill est le garant dans la durée de la rigueur scientifique, de la robustesse et de l’exhaustivité du label. Un comité de gouvernance garantit le bon fonctionnement du label et sa conformité avec les principes du projet de charte des labels RSE (ministère de l’Économie, 2021 – cf. PJ). Un comité de labellisation décide de l’attribution, du retrait ou du renouvellement du label sur la base du rapport de l’organisme d’audit.

Ce label est-il redondant pour partie avec les labels liés à la mer comme MSC (Marine Stewardship Council), l’écolabel « Pêche durable », ou plus larges comme B Corp … ?

P. G. : En se fondant sur les objectifs de l’ONU, notamment l’ODD14, le label Ocean Approved est complémentaire des autres labels, qu’ils soient liés à la mer ou généralistes. Il est ouvert aux entreprises de tous secteurs qui désirent agir et communiquer sur leur engagement en faveur de l’océan. Contrairement à d’autres labels, il est fondé sur une logique d’amélioration continue.

Est-il reconnu par les ministères (Mer, Transition écologique) ? Par les institutions internationales ?

P. G. : Il bénéficie d’une large reconnaissance. En France, il a été lancé en partenariat avec le ministère de la Mer, et le Référentiel Océan, standard du label, a été construit en lien étroit avec le ministère de la Transition écologique. En Europe, l’European Financial Reporting Advisory Group s’est emparé des indicateurs quantitatifs du label pour l’objectif environnemental 3 de la taxinomie européenne sur la « protection de l’eau et des ressources marines ». À l’international, le Référentiel Océan a été reconnu comme bonne pratique par l’ONU. Il est mis en avant lors des sommets internationaux consacrés à l’océan, comme le One Ocean Summit, en février 2022.

Accompagnement et sensibilisation

Aidez-vous les entreprises en amont dans l’obtention du label ?

P. G. : La Fondation de la Mer a constitué un réseau de consultants pour permettre aux entreprises qui le souhaitent d’être accompagnées dans le processus de labellisation. Ce réseau est constitué de consultants de Bureau Veritas ou de consultants indépendants spécialistes de RSE et formés au label Ocean Approved.

Les salariés souhaitent de plus en plus être associés à la stratégie RSE de l’entreprise. L’un des indicateurs du label invite à promouvoir la protection de l’océan dans l’écosystème de l’entreprise, par un dispositif de sensibilisation des salariés. La Fondation de la mer et ses partenaires peuvent l’y accompagner avec diverses activités.

Ce label peut-il être utilisé sur les supports de communication, les emballages de produits ?

P. G. : À la différence des labels qui se focalisent sur un produit ou un secteur, Ocean Approved prend en compte l’ensemble des impacts directs et indirects de l’entreprise pour l’océan. Les entreprises labellisées peuvent cependant utiliser le logo sur leurs produits dès lors qu’une telle communication n’est pas trompeuse.

Propos recueillis par Jean Watin-Augouard

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