Vie des marques

Findus, phare de Boulogne

12/03/2021

Pêche durable, traçabilité de la pêche à l’assiette, réduction de l’empreinte carbone et du plastique, promotion des métiers de l’agroalimentaire… La filiale française du groupe Nomad Foods Europe vogue au large, mais elle a la fibre locale.

Précurseur dans la protection des ressources marines, Findus [1] est la première entreprise de France à être doublement certifiée MSC pour les poissons sauvages pêchés en mer (98 % de la certification) et ASC pour les poissons d’élevage. Deux labels complémentaires. Si la totalité du poisson Findus est certifié depuis 2019, c’est en 2002 que l’entreprise avait souscrit au label MSC, qui certifie 20 % de la pêche mondiale. « Ce label, précise Vincent Jacquot, directeur général de Findus France, nous conduit à nous fournir auprès de pêcheries qui ont obtenu la certification selon un référentiel, validée par des organismes tiers de certification accrédités par MSC, et évaluée régulièrement. » Une pêcherie se définit selon trois critères : une espèce de poisson, une zone de pêche et une technique de pêche ; Findus travaille avec de nombreuses pêcheries, selon les types de poisson : cabillaud, colin d’Alaska, merlu blanc, saumon rose du Pacifique... Le référentiel de certification, lui, repose sur la durabilité des stocks et l’impact de la pêche pour l’écosystème (tout ce qui ne concerne pas le poisson recherché, la pêche malencontreuse d’autres espèces par exemple), et sur les aspects sociaux comme les conditions de travail des pêcheurs.

Une offre non extensible

L’opinion publique s’inquiète de la diminution du stock de certaines espèces. « L’évolution peut être assez erratique mais rarement à la hausse », reconnaît Vincent Jacquot. Avec le saumon sauvage du Pacifique, Findus est ainsi confronté une année sur deux à des niveaux bas du fait de l’autorégulation. La ressource, dont celle du cabillaud, est limitée par les quotas. Depuis le début de la crise sanitaire, Findus est confronté à un problème d’offre, car la demande de surgelé a beaucoup progressé, et, regrette son directeur général, la marque n’a pas toujours été en mesure de la satisfaire. Augmenter les lignes de production demanderait un investissement programmé sur le long terme, or l’enjeu est moins la capacité de production que l’organisation, car la crise sanitaire s’est accompagnée d’à-coups très forts : à chaque rumeur de reconfinement, les distributeurs stockent par précaution, et les consommateurs en font autant, sollicitant la production.

La disponibilité de la matière première est souvent méconnue par la distribution : « Il est des espèces de poissons qu’on ne pêche qu’une seule fois par an, explique Vincent Jacquot. Pour le colin d’Alaska, il n’y a que deux saisons de pêche. Celle qu’on utilise aujourd’hui à l’usine a eu lieu à la sortie de l’été, et un autre confinement a été décidé depuis Nous ne disposons donc pas d’une quantité de poisson suffisante pour faire la jonction avec la prochaine pêche, qui aura lieu en avril. »

60 % de production française

Pour répondre aux attentes des consommateurs en matière de traçabilité de la mer à l’assiette, Findus indiquera prochainement sur tous les emballages le nom du poisson, celui de l’espèce, la zone et l’engin de pêche : « Un système interactif, précise Vincent Jacquot, permettra au consommateur connecté par flashcode de disposer d’informations détaillées sur les poissons qu’il consomme, l’environnement des océans ; nous souhaitons une communication très transparente en illustrant de manière simple les lieux et les modes de pêche. »

Le « fabriqué en France » participe également de la traçabilité des produits. Pour Findus, c’est un atout auprès des consommateurs, et plus de 60 % de ses gammes de poisson viennent de Boulogne-sur-Mer, site de son usine française pour la pêche. Le reste vient du groupe Nomad – propriétaire depuis 2016 des activités de Findus [2] –, et de ses quatorze usines en Europe (poisson, légumes et plats cuisinés). Findus a aussi en France depuis 1972 un partenariat avec Gelagri, une coopérative bretonne, pour ses épinards. « Le fabriqué en France est dans l’air du temps, observe Vincent Jacquot, même s’il y a parfois un écart entre l’intention d’acheter français et sa transformation en acte d’achat, pour des raisons de prix par exemple. »

Triple « sans »

Partenaire du PNNS depuis 2009, Findus affiche le Nuti-Score sur ses produits depuis trois ans : « 97 % de nos portefeuilles de produits sont vert A ou B, et 100 % des produits à base de poisson de la gamme Croustibat destinée aux enfants sont A », précise Vincent Jacquot. La marque met en avant depuis 2008 un « triple sans » (colorant, conservateur, huile de palme), qui concerne tous les produits depuis 2012. Une façon de décliner la raison d’être du groupe : « Aider à améliorer chaque jour un peu plus le repas des Français ».

Du côté des pratiques agricoles, Findus n’a pas encore de certification, hormis dans le bio (épinard, sauces), mais son objectif est d’avoir en 2025 100 % de ses légumes issus d’une agriculture durable. Côté élevage et transformation de la viande, celle-ci est depuis 2013 totalement certifiée « viande née, élevée et abattue en France », et 100 % des lots de bœuf sont tracés en test ADN.

Réduction de l’empreinte écologique

Les emballages sont au cœur des priorités de Findus. La marque en emploie de quatre types, dans des proportions diverses : 47 % , destinés au poisson pané, sont entièrement en carton, 28 % sont des emballages mixtes (carton et sous-emballage plastique), 14 % sont entièrement en plastique recyclable, dépendant localement de la capacité des filières à recycler, et 11 % ne sont pas recyclables. Pour peu de temps encore : « Nous avons comme projet au niveau du groupe d’avoir 100 % de notre plastique recyclable en 2022 », promet Vincent Jacquot.

Depuis 2008, Findus a engagé un travail sur le bilan carbone de son usine de Boulogne-sur-Mer, devenue en 2013 une des premières certifiées ISO 50001 (performance énergétique).  L’usine est aussi « très en pointe », souligne Vincent Jacquot, pour le gestion de l’eau et des déchets, car elle est située, à Capécure, dans une zone du port très bien dotée en infrastructures, avec sa propre usine d’épuration, mutualisée avec d’autres entreprises.

Pour le transport entre Boulogne et son entrepôt en région parisienne, Findus s’est associé au projet Fret 21, qui l’a conduit à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 7 % . Pour Vincent Jacquot, il reste à optimiser les relations avec ses partenaires de la distribution, « notamment dans le domaine des cadencements de livraison, pour tendre vers des camions complets et en réduire le nombre ».

“Fiers de nos équipes”

Sur ses emballages, Findus met en avant le drapeau français et le phare de Boulogne-sur-Mer. Et depuis le premier confinement y figure aussi mention « Fiers de nos équipes de Boulogne-sur-Mer depuis plus de cinquante ans ». Certaines de ces équipes sont constituées de maris et d’épouses : Vincent Jacquot se rappelle le premier confinement et un « taux d’absentéisme très important non pas parce que les gens étaient malades mais parce que, les écoles étant fermées, le père ou la mère devait rester à la maison pour garder les enfants ».

Hors l’usine de Boulogne et ses 222 salariés, Findus emploie 77 personnes à son siège de Noisy-le-Grand, et 42 dans ses forces de vente. « Le siège et la force de vente recrutent beaucoup, indique Vincent Jacquot, il peut arriver que dans certaines zones géographiques nous manquions de candidats pour nos forces de ventes. Sur le site de production de Boulogne, le problème se pose parfois : pour recruter des profils cadres ou non, comme les conducteurs de machines automatisées ou les techniciens de maintenance, pour des raisons de manque de qualification ou de localisation. » Reste que les pressions déflationnistes qui caractérisent le marché français de la grande consommation induisent « des effets indirects et pervers sur l’emploi ». Le DG de Findus France le regrette : « Cela nuit à la rentabilité des entreprises agro-alimentaires, qui retardent ou annulent des projets d’investissement, et par ricochet des recrutements sont reportés. »

Usine formatrice

Findus n’en est pas moins actif dans la formation. Le siège propose des postes en alternance, notamment en logistique. Un programme certifiant en technique de négociation s’adresse à toutes les équipes commerciales, en partenariat avec l’ESG. À Noisy-le-Grand, Findus est présent sur la plateforme Job Teaser, bien connue des jeunes qui cherchent un premier emploi ou des contrats d’alternance. À Boulogne, Findus s’est associé Proch’Emploi, un organisme local qui informe sur les métiers de l’agro-alimentaire les jeunes ou les personnes qui souhaitent se réorienter : « Pour les aider à construire un parcours professionnel et lever les freins de la méconnaissance » souligne Vincent Jacquot. À l’usine toujours, des stages sont organisés dans tous les départements : « Nous travaillons avec des partenaires locaux pour intégrer en stage des personnes qui peuvent préparer des formations de conducteurs de machine. Nous avons également des personnes à formation tertiaire, BTS support à l’action managériale, pour les fonctions administratives à l’usine, ou DUT gestion des entreprises et des administrations. Nous organisons régulièrement des job dating avec des écoles, pour trouver des profils intéressés par notre secteur. Enfin, nous recrutons en alternance des personnes qui préparent des BTS de maintenance. » S’y ajoute un partenariat avec l’université du Littoral-Côte-d’Opale (ULCO), grâce auquel chaque année des étudiants en master intègrent le département qualité de Findus.

[1] À l’origine Frukt Industrin, « industrie du fruit » en suédois.
[2] Hors Suisse, où la marque Findus est restée à Nestlé.

Jean Watin-Augouard

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