Vie des marques

Bonduelle, acteur de la transition végétale

27/10/2022

Bonduelle Fresh France met la résilience de la filière, l’impact positif et la pérennité au cœur de la transition vers une alimentation plus végétale. Entretien avec Fabrice Renaudeau, directeur général de Bonduelle Fresh France & Belgique-Luxembourg.

Comment pilotez-vous les hausses de coûts des matières premières depuis l’année dernière, et les surcoûts liés à la guerre en Ukraine ?

Fabrice Renaudeau : Nous sommes entrés depuis un an dans une nouvelle ère économique, celle de l’hyperinflation, avec l’envolée spectaculaire de l’ensemble de nos coûts. La guerre en Ukraine n’a fait qu’amplifier cette explosion inflationniste au printemps 2022. Elle touche désormais toute notre chaîne de valeur, des coûts d’exploitation de nos agriculteurs à nos emballages, sans oublier évidemment l’impact massif de l’inflation énergétique, avec des effets directs sur Bonduelle et indirects sur nos fournisseurs. Touchant une filière déjà fragile, cette poussée inflationniste historique affaiblit la pérennité du modèle économique des transformateurs agro-alimentaires et de nos filières agricoles. Le syndicat des producteurs  SVFPE [1] a tiré la sonnette d’alarme en mai dernier, pour souligner les risques majeurs pesant sur la filière maraîchère et la production de salade (« quatrième gamme ») en France, qui a déjà perdu 10 % de ses producteurs agricoles en deux ans.

Dans ce contexte inédit depuis la fin de Seconde Guerre mondiale, nous restons fidèles à nos valeurs et à notre mission d’entreprise : faciliter la transition vers l’alimentation végétale, avec des retombées positives pour notre écosystème. Nous nous refusons à considérer nos partenaires agricoles, ou nos propres employés, comme des variables d’ajustement économique. Après la revalorisation de mars 2022 – dont le résultat est rapidement devenu caduc –, nous avons négocié un tarif de crise au début de l’été avec nos clients. Cette double hausse tarifaire est vitale pour financer la revalorisation agricole de nos filières, et aussi pour couvrir l’inflation historique de nos coûts de transformation.

Au-delà de son impact financier majeur, cette situation d’hyperinflation crée des tensions sans précédent pour la continuité de nos activités, avec des ruptures d’approvisionnement pour certains ingrédients ou composants clés de nos produits. Par exemple, depuis le début de 2022, nous avons dû faire face à la pénurie mondiale d’un ingrédient important pour nos salades traiteur, la moutarde.

Investissements lourds, pour une production plus responsable

Quel bilan tirez-vous de la loi Égalim 2, et notamment de la sanctuarisation de la matière première agricole ?

F. R. : Comme le souligne le récent rapport de la commission des Affaires économiques du Sénat, Égalim 2 est une avancée certaine pour la sanctuarisation des matières premières agricoles. Cette revalorisation n’efface cependant pas les années de pression économique sur les exploitations et ne résout donc pas leurs pertes de rentabilité historiques et structurelles.

Le problème est que cette protection de l’amont s’est faite au détriment des coûts portés par la transformation industrielle, qui représentent environ la moitié de nos inflations globales. La prise en compte rapide des hausses des matières premières industrielles par nos clients doit donc s​‌’améliorer, car elle est vitale pour la pérennité de notre modèle économique. Et en parallèle, nous supportons des investissements lourds, pour une production plus responsable et une alimentation plus durable. N’oublions pas que la souveraineté agro-alimentaire française et la résilience des filières hexagonales ne s’entendent que si l’amont agricole mais aussi la transformation industrielle ont des conditions adaptées à leur survie économique sur le territoire national.

Enfin, dans son application aussi, le dispositif Égalim 2 a montré des limites, avec la publication tardive des modalités et surtout une grande complexité pour mettre en œuvre les mécaniques de transparence avec nos clients et de validation par les tiers de cofiance.

Dans cette période sans visibilité, comment contribuez-vous à soutenir la filière agricole française ?

F. R. : Tous les produits de Bonduelle Fresh France sont fabriqués sur les cinq sites de production hexagonaux, à Genas (69), Maizey (55), Saint-Benoist-sur-Vanne (02), Rosporden (22) et Saint-Julien-de-Concelles (44). Pour nous fournir en salades et en légumes, nous travaillons avec 230 agriculteurs partenaires français répartis dans les différents bassins de production : 80 % de nos salades sont cultivées en France en été et 100 % de nos taboulés sont à base de blé français ; 80 % des légumes et légumineuses Bonduelle sont cultivés en France.

Face à la volatilité économique et aux défis environnementaux, il est encore plus important de renforcer les liens de pérennité avec cette filière française. Nous n’avons pas changé notre modèle de partenariat agricole sur le long terme, malgré l’explosion brutale de l’inflation. Ce modèle repose depuis des décennies sur une contractualisation annuelle avec les agriculteurs. Il permet d’assurer la rotation des parcelles, indispensable au non-épuisement des sols, de produire au plus juste selon les prévisions de vente pour minimiser le gaspillage, de planifier semis et récoltes afin d’optimiser le rendement industriel et d’atteindre une qualité optimale des matières premières. Nous garantissons à nos agriculteurs partenaires des volumes et des prix en début de saison, gage de visibilité pour la bonne gestion d’une exploitation agricole, en ces temps d’incertitude.

Deux cents producteurs agricoles actionnaires

Que prévoit votre charte avec vos partenaires ?

F. R. : Depuis 1996, nous encadrons les pratiques agricoles de nos partenaires avec une charte agronomique, signée par cent pour cent des producteurs de Bonduelle Fresh France. L’enjeu est de répondre aux exigences qualitatives de nos marques et aux exigences environnementales de notre démarche responsable. Cette charte définit le cadre et les domaines de notre collaboration avec les producteurs, notamment pour le support technique, avec un suivi agronomique régulier ; les bonnes pratiques agronomiques pour la sécurité des aliments, la mise en place de cultures de légumes issus de semences non-OGM, la sélection des parcelles et le contrôle de conformité des légumes ; l’utilisation raisonnée et raisonnable des intrants nécessaires à la production.

Dernière illustration de notre ancrage avec l’amont agricole : notre programme Finagri a donné l’opportunité cette année à nos producteurs d’entrer au capital du groupe Bonduelle à des conditions préférentielles. Ce sont près de deux cents producteurs agricoles qui sont ainsi devenus actionnaires du groupe en 2022 : cela traduit la profonde relation de confiance et d​‌’interdépendance que nous voulons continuer de bâtir avec nos filières agricoles.

Encouragez-vous vos agriculteurs partenaires à aller vers l’agroécologie et comment ?

F. R. : Notre objectif est d’engager 80 % de nos producteurs dans l’agriculture régénératrice en 2030, pour protéger les sols, utiliser avec parcimonie les ressources naturelles, favoriser la biodiversité des cultures et des écosystèmes, tout en produisant la qualité et la quantité de légumes nécessaires à l’alimentation des Français.

Nouvelles technologies de l’AgriTech

Aujourd’hui, 85 % des surfaces cultivées par nos partenaires le sont déjà avec des techniques culturales alternatives. Avec nos producteurs, nous mettons en œuvre des pratiques agricoles comme la rotation des cultures ou les sondes capacitaires pour contrôler l’irrigation. Dans nos cultures de salades, nous nous engageons à renforcer les mesures de protection des insectes pollinisateurs par une palette d’outils : installation d’hôtels à insectes, culture de bandes enherbées ou fleuries à proximité des champs, recours aux techniques de biocontrôle ou au désherbage mécanique de précision, ainsi que l’interdiction de certaines matières actives chimiques, bien qu​‌’elles soient encore autorisées par la réglementation. Nous menons depuis 2010 un programme d’expérimentation, baptisé Vegesol, dont le but est de promouvoir l’agroécologie en mesurant l’impact du travail du sol sur la biodiversité et les rendements.

Nous nous tournons également vers les nouvelles technologies de l’AgriTech : depuis plusieurs mois, nous testons dans les parcelles de nos producteurs une nouvelle solution robotisée, Ecorobotix, qui a permis de réduire de 70 % la quantité de produits phytosanitaires sur les salades matures. D’autres applications seront également possibles comme la détection des corps étrangers (brindrilles, pierres, insectes).

Comment appréhendez-vous l’objectif gouvernemental « zéro plastique à usage unique en 2040 », au vu des investissements consacrés à la recyclabilité des emballages ?

F.R. : La démarche de réduction de l’impact environnemental des emballages de Bonduelle, en place depuis plusieurs années, suit quatre axes : concevoir des emballages recyclables ou réutilisables ; choisir des matériaux recyclés et respectueux de l’environnement ; réduire le poids des emballages ; augmenter la collecte, le tri et le recyclage.

Bonduelle s’est donné l’objectif de concevoir des emballages 100 % recyclables ou réutilisables à échéance 2025. Aujourd’hui, plus de 97 % des matériaux d’emballage utilisés par Bonduelle répondent à cet objectif.

Cet enjeu est clé pour Bonduelle Fresh France, et sur le terrain de l’emballage nous investissons fortement dans la recherche et développement, pour proposer des solutionsplus responsables. Nous activons plusieurs leviers de progrès : intégration de plastique recyclé, réduction de l’épaisseur des emballages et développement de nouveaux matériaux comme le papier. En 2021, nous étions le premier acteur du marché de la quatrième gamme à utiliser un sachet écoconçu, utilisant du plastique recyclé, pour nos salades vertes bio prêtes à l’emploi. Depuis janvier 2022, 37 % des salades Bonduelle prêtes à l’emploi utilisent du plastique recyclé. En parallèle, nous avons supprimé le couvercle plastique de nos barquettes de salades traiteur 300-320 g, économisant ainsi 550 tonnes de plastique par an.

Réduction globale de l’empreinte carbone

Quelles sont vos ambitions sur le plan du bilan carbone ?

F. R. : L’objectif carbone que le groupe Bonduelle s’est fixé est ambitieux : la neutralité carbone en 2050, avec une première étape de réduction de 20 % de nos émissions de gaz à effet de serre en 2035. Cette trajectoire est la seule voie compatible avec un scénario de réchauffement limité à moins de 2 °C.

Un enjeu majeur de la décarbonatation est le développement du flexitarisme : favoriser la transition vers une alimentation plus végétale. En effet, 25 % des émissions de CO2 sont dues à l’alimentation, et un repas sans protéines animales a un impact huit fois moins élevé sur les émissions de gaz à effet de serre qu’un repas avec viande ou laitage. Rendre l’alimentation végétale plus attractive dans l’assiette, plus facile à consommer tout en restant accessible économiquement à l’ensemble de la population, c’est agir massivement en faveur du bilan carbone. Bonduelle a un rôle central et puissant à jouer dans cette transition vers l’alimentation végétale, avec une marque présente dans 75 % des foyers français au travers de ses différentes technologies.

Au-delà du développement de l’alimentation végétale, c’est par la réduction de l’empreinte carbone de toutes nos activités et de celles de nos partenaires agriculteurs que nous allons atteindre notre objectif de neutralité. Tout au long du cycle de vie de nos produits, nous cherchons à économiser les ressources : dès la conception des produits et des emballages, jusqu’à la phase de gestion de nos déchets, qui alimente l’économie circulaire : 100 % des déchets végétaux de nos sites Bonduelle Fresh France sont utilisés localement, par exemple comme fertilisant agricole. Depuis plusieurs années, nos sites sont engagés dans des programmes de sobriété énergétique et nous allons encore intensifier nos efforts en la matière.

[1] Syndicat des fabricants de produits végétaux frais prêts à l​‌’emploi.

Propos recueillis par Jean Watin-Augouard

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