Tribunes

Données alimentaires, une révolution collective

23/09/2021

L’agroalimentaire connaît une révolution, liée à la digitalisation et à de nouvelles attentes des consommateurs, notamment d’une information augmentée. NumAlim appelle les entreprises à rejoindre le collectif, pour remporter le défi des données. Par Jérôme François, directeur général de NumAlim.

Le livre blanc intitulé Ces Données qui nourrissent la confiance et la valeur dans l’alimentation, publié par NumAlim en septembre 2020, reconnaissait à la révolution des données alimentaires un certain retard par rapport à d’autres secteurs. Mais il est aujourd’hui clair que la structuration du “big data” alimentaire est nécessaire, a fortiori avec l’essor de l’e-commerce, et nécessite une mobilisation collective. Des algorithmes comme le NutriScore, les applications et les moteurs de recherche de l’e-commerce facilitent l’accès à des critères de choix devenus déterminants en matière de nutrition, de santé et d’impact environnemental, et qui seront de plus en plus personnalisés en fonction des priorités de chacun.

Un enjeu collectif

Le véritable goulot d’étranglement est la non-disponibilité des informations. Cela peut sembler surprenant, mais en 2021 il n’existe pas de base de données exhaustive et fiable, même au niveau des attributs INCO [1] (composition, tableau nutritionnel…). Devant ce sujet relativement nouveau, l’organisation des entreprises n’est pas encore optimisée. C’est pourquoi la solution ne peut être que collective, encore plus face au défi de structuration des données RSE. Un algorithme comme l’Éco-Score tourne à vide, car les données spécifiques pour son calcul ne sont pas disponibles, alors que cette information sera un levier de la transition environnementale.

Chaque entreprise agroalimentaire doit donc collecter, produire et gérer une variété et un volume croissants d’informations sur les produits qu’elle fabrique, à chacune des étapes, du champ à l’assiette. Une bonne gestion des données est de nature à créer de la valeur et de la confiance. NumAlim peut remédier à ce besoin de structuration avec son référentiel d’information, mais aussi dynamiser l’écosystème des données et services qui aident les entreprises, notamment PME, à s’adapter aux demandes des consommateurs, avec sa plateforme d’échange.  

NumAlim, plateforme numérique de l’alimentation, a pour rôle de gérer cet enjeu collectif, à l’échelle du secteur. Son objet est de dynamiser l’écosystème des données alimentaires, comme levier de confiance et de valeur. En un peu plus d’un an, avec les technologies les plus performantes, les solutions suivantes ont été rendues disponibles [2] :

Une activité, trois piliers

1. Le référentiel d’informations produits va répondre à l’attente d’une base exhaustive et fiable. Pour cela, les entreprises peuvent accéder depuis septembre 2021 aux outils les plus aboutis, pour faciliter l’apport et la gestion des données. Aujourd’hui, les PME utilisent fréquemment Excel pour leurs fiches produits, avec la complexité d’extraits spécifiques pour différents destinataires, distributeurs, applications ou Observatoire de la qualité de l’alimentation (Oqali). Le référentiel NumAlim permet d’importer les données des transformateurs, quelle que soit leur forme spécifique, et de les structurer dans une base standard. L’apport est gratuit, ainsi que le diagnostic de fiabilité, fourni par le partenaire ConsoTrust-Allergobox avec ses outils de pointe. Cette évaluation objective affiche le pourcentage d’erreurs contenues dans les fiches produits, notamment au niveau du tableau nutritionnel et des allergènes. Actuellement, 26 à 40 % des fiches produits comportent au moins une erreur, selon les bases.

Les outils de fiabilisation et d’enrichissement de ConsoTrust sont déjà facilement mobilisables sur NumAlim, et la mise à l’échelle est indispensable, avec un coût abordable pour les PME. Enfin, la diffusion aux différents utilisateurs de ces données est également gratuite.

Les premières expériences de PME avec ces outils confirment leur satisfaction, liée au gain d’efficacité et de qualité de l’information, y compris pour les emballages physiques.

Le succès du référentiel repose sur un apport de données très large par les entreprises, encouragé par les organisations de métiers ainsi que par les associations de consommateurs ou l’Oqali. Au-delà des données d’identification, de la responsabilité de GS1 pour assurer un code EAN unique, le référentiel NumAlim inclut les données INCO, ainsi que les teneurs en fruits et légumes, pour fiabiliser le calcul du Nutri-Score, jusqu’à présent souvent divergent d’un site à l’autre. Par la suite, des attributs supplémentaires d’information RSE seront ajoutés , grâce aux outils de ConsoTrust, dans un forfait associé à la fiabilisation ou encore par apport des entreprises.

2. Le “hub” d’échange permet la rencontre entre l’offre de données et de services (une centaine de descriptifs y sont déjà disponibles, quatre fois plus qu’en mai) et la demande de milliers d’entreprises agroalimentaires.

Les exigences renforcées des consommateurs requièrent des entreprises qu’elles soient agiles, pour adapter leurs produits d’un point de vue nutritionnel et RSE. Or beaucoup de PME et TPE ont un accès limité aux données de marché ou réglementaires comme aux solutions d’aide à la reformulation, de traçabilité ou d’activation des ventes.

La technologie de place de marché est celle du français Dawex, aussi choisie par la plateforme de la production agricole, API-Agro de la société Agdatahub. L’hébergement souverain du hub est celui d’Orange Business Services, également commun avec API-Agro. Une partie des données proposées sur le hub sont gratuites, à côté d’offres payantes. C’est le cas de données de panels, de veille réglementaire ou de tendances.

Les solutions sont faciles d’accès, adaptées à une place de marché. Elles incluent des études (Nielsen IQ, Kantar, IRI, Crédoc, Action Plus), de l’aide à la formulation (Mérieux NutriSciences, SensoStat), des relevés en magasins Mobeye, de la traçabilité (Connecting Food, Tilkal, Zest HACCP), de l’analyse de données (Acsystème), du conseil (De Dirigeant à dirigeant, ArounData, Osallia), aussi A3 Distrib, Protéines XTC et bien sûr ConsoTrust, avec ses solutions de fiabilisation, d’enrichissement et d’étalonnage de données.

3. Un programme d’acculturation aux enjeux des données alimentaires, de conseil et d’accompagnement. Trois cycles de formation sont disponibles :

  1. la maîtrise des données avec Ania formation ;
  2. les données au cœur du mix marketing, avec l’Union des marques ;
  3. les données et l’e-commerce, avec l’Institut du commerce.

NumAlim, initiative unique

L’accès complet à la plateforme NumAlim se fait par abonnement, avec une formule gratuite et trois niveaux payants (Accès, Développement et Premium), à des tarifs qui ne constituent pas une barrière économique pour les entreprises. Le modèle économique vise la participation large des acteurs, avec des rentabilités modérées pour la SCIC.

Une participation large est indispensable pour que les solutions souveraines au service du collectif prévalent, et que les données du secteur ne soient pas accaparées par des acteurs avec des intérêts divergents. C’est une des raisons du soutien des ministres Julien Denormandie et Cédric O [3], qui sont intervenus pour appuyer le développement de NumAlim lors de son assemblée générale du 31 mars 2021.

La France est à la pointe sur les enjeux « data », avec un public particulièrement exigeant et des outils comme le NutriScore et Yuka qui s’exportent en Europe. Cette avance sera un avantage dans la valorisation des qualités de ses filières, et pour influencer le futur data space européen, en lien avec l’association Gaïa-X. NumAlim est une initiative unique et nécessaire à la convergence d’enjeux sociétaux et économiques. En la rejoignant, les entreprises du secteur alimentaire vont dynamiser cet écosystème, le rendre plus sûr, plus efficace et lui permettre de gagner en valeur.

Pour en savoir plus : www.plateforme-numalim.frcontact@scic-numalim.fr.

NumAlim est une SAS dotée d’une gouvernance de société coopérative d’intérêt collectif (SCIC).

  • Le premier collège de sociétaires est celui des associations de consommateurs, avec 30 % des voix.
  • Le deuxième est celui de la production agricole, réunie dans l’association Numagri, avec 25 % des voix.
  • Puis vient le collège Transformation (15 % des voix), qui compte des organisations dont l’Ania, ses syndicats (Alliance 7, Fédalim, FICT, FNCG …), la Coopération agricole et l’Ilec, et des entreprises de toutes tailles (Savencia, Sodiaal, Lesieur, mais aussi LSDH, Eckes Granini, Triballat, Solina, ou encore Le Chef Premium, Reitzel, Mulot & Petitjean, Les Biscuits de l’Abbaye ou Les 2 Marmottes).
  • Le collège Distribution et restauration se renforce autour de la FCD, de distributeurs et du Geco
  • Le collège Partenaires regroupe des organisations comme l’Actia, la Fondation Avril, le FFAS et La Note globale, ainsi que des entreprises dont l’intérêt converge avec celui du secteur, pour la structuration et la diffusion des données.
  • Les pouvoirs publics participent également à la gouvernance de NumAlim, qui bénéficie du soutien de BPIFrance (plan d’investissement d’avenir) et depuis l’été 2021 de la Banque des Territoires
  • Depuis février 2020, la présidence de NumAlim est assurée par Philippe Tillous-Borde, ancien président de la Fondation Avril  et sa direction par Jérôme François, ancien directeur général de Nestlé France et vice-président de l’Ania.
  • Le comité scientifique est présidé par Pierre Combris, directeur de recherche honoraire à l’Inrae, et le comité d’éthique par Jean-Gabriel Ganascia, professeur à l’université de la Sorbonne, informaticien et philosophe.
[1] https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX:32011R1169.
[2] Accessibles pour partie en libre accès et pour partie par un abonnement annuel.
[3]  Respectivement ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation et secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques.

Jérôme François, NumAlim

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