Bulletins de l'Ilec

Éditorial

Investir, hic et nunc ? - Numéro 454

01/02/2016

Il y a plus de dix ans, des filiales françaises de groupes internationaux adhérentes à l’Ilec s’étaient inquiétées de l’effet sur leurs marges, et partant sur leur attractivité spécifique à l’investissement de leur groupe, d’une loi visant explicitement à faire baisser les prix des marques. L’argument n’avait alors guère ému les pouvoirs publics.

Il est peu douteux que cette inquiétude a trouvé de nouveaux relais depuis deux ans, dans les secteurs où la concurrence par les prix exerce le plus d’empire. Mais le paysage des entreprises est contrasté, ce serait céder aux sirènes de la conjoncture que de s’intéresser à l’attractivité du « site France » sous ce seul aspect. D’autant qu’en cherchant à approcher les conditions de l’investissement créateur d’emploi pour les industries de grandes marques, ce Bulletin (et le suivant) ne pouvait manquer d’évoquer ce qui fait non seulement le volume, mais la qualité de l’emploi dans ces entreprises.

Selon la Banque mondiale(1), la France se situerait au dix- neuvième rang du classement des trente-deux pays de l’OCDE par la « facilité d’y faire des affaires », à mi-distance de ses principaux partenaires, voisins et concurrents (Royaume-Uni 4e, Allemagne 10e, Espagne 23e, Italie 28e).

Plus en détail des dix critères retenus par la Banque, et hors celui du « commerce transfrontalier » qui lui vaut une première place partagée à quatorze, la France se situe entre le douzième rang (« protection des investisseurs ») et le vingt-huitième (« transfert de propriété »).

Si le classement « Doing business » a quelque valeur, il faut croire qu’il n’y a matière ni à rire ni à pleurer. Mais est-il assez complet ? Sans égard pour les passions qui animent la presse française, la Banque mondiale ne s’y intéresse pas à la « réglementation du marché de l’emploi ». Ni davantage à la  qualification de  la  main-d’œuvre.  À  ce  qui  touche à la première, elle consacre en revanche un indicateur spécifique, assis sur près de quarante critères, dont elle ne se risque pas à tirer un classement synthétique. La vraie vie de l’investissement serait-elle ailleurs ?

Là encore, un panorama tous secteurs des entreprises serait contrasté, mais ce qui réunit les points de vue de celles qui témoignent ici est que, si recommandable que soit la « flexibilité »  vantée  par  la  Banque  mondiale  dans  son « Doing business »(2), les marques se recommandent d’une « qualité » des emplois dont le prix n’est pas à chercher dans une dérégulation à tous crins, mais plutôt dans la capacité générale des économies à favoriser l’investissement. Bref, à ne pas entraver la création de valeur, qui passe quelquefois par la reconnaissance de la valeur des choses.

1. Doing business 2016, octobre 2015, http://francais.doingbusiness. org/rankings
2. « Labor market regulation data », www.doingbusiness.org.

François Ehrard

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