Bulletins de l'Ilec

Éditorial

Biotope - Numéro 437

01/08/2013

Ce Bulletin est né d’une inquiétude et d’une imprécation. En novembre dernier, à l’occasion d’un atelier de la DGCCRF consacré à une prospective de la consommation visant l’année 2030, le Dr Laurent Alexandre captiva l’auditoire en exposant comment l’essor des bio et technomédecines allait incidemment bouleverser tant les modes de consommation que les marchés, parce qu’il allait changer la vie même des hommes. L’aspiration à profiter des formidables gains de longévité que préparent les technosciences du vivant (et l’usage qui sera fait de ces années bonus) va redessiner les territoires de l’économie. Si folle que paraisse l’allure du train, ne pas y monter serait plus fou encore. Or la France, poursuivait l’orateur, paraissait sur le point de le manquer.

Bien que tempérant le propos de l’imprécateur sur la question de la génomique, le député et président du Genopole Thierry Mandon partage sa sévérité, lorsqu’il estime que notre pays « se singularise par son incapacité à percevoir les enjeux du futur ». Ils sont en l’occurrence nombreux. Les domaines d’application des biotechs s’étendent, au-delà des biotechs « rouges » des industries de santé, à l’environnement, à la production agricole, à la cosmétique, qui de près ou de loin, de façon visible ou non, entre prévention des pollutions agricoles et emballages biodégradables, touchent aussi à l’univers de la grande consommation. En 2030, lit-on sur le site de l’OCDE, « le recours aux biotechnologies assurera jusqu’à 35 % de la production de produits chimiques et industriels, 80 % des produits pharmaceutiques et des diagnostics et 50 % de la production agricole »

Pourtant, le secteur – ou la filière – existe, avec, estime David Sourdive, responsable de mission au Commerce extérieur, « des acteurs à fort potentiel ». Il s’est organisé, et distribué entre trois associations professionnelles répondant à divers profils d’entreprises, que décrit Claude-Alain Cudennec, délégué général de l’une d’elles. Et les politiques publiques ont évolué dans un sens (cadre fiscal, liberté de la recherche…) dont ces acteurs semblent se féliciter. L’avenir dira si l’Etat sait garantir la stabilité réglementaire sans laquelle PME et jeunes pousses des biotechs ne pourront se multiplier et grandir. Le biotope est fragile. Il a déjà assez à faire avec la rareté de l’engrais du capital-investissement.

François Ehrard

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