Bulletins de l'Ilec

Le plus en amont possible - Numéro 484

05/11/2019

Profession : entreposeur, transporteur et coordinateur : les outils sont rodés, ou se rodent, pour faciliter le groupage dans des configurations diverses. Entretien avec Benjamin Oury, directeur de développement transport, FM Logistic France SAS

Le cas d’entrepôts communs à des produits non concurrents se répand-il ?

Benjamin Oury : Chez FM Logistic, nous développons deux modèles. Le premier, qui concerne la majorité de notre trentaine de plateformes en France, consiste à positionner dans un même entrepôt des industriels des secteurs agroalimentaire, DPH, luxe ou santé ayant des produits compatibles en termes de contraintes de stockage et livrant les mêmes destinations. Nous construisons et exploitons des sites multiclients qui les font bénéficier de notre solution de pooling, qu’ils soient concurrents ou non ; la concurrence entre nos clients n’est plus une contrainte, nous en avons fait un atout logistique pour eux. Notre autre modèle consiste en sites dévolus à un seul client, en général de la grande distribution, dont le besoin en surface de stockage est plus important.

Dans quelle mesure un entreposage mutualisé favorise-t-il un transport mutualisé ?

B. O. : Il le favorise à partir du moment où les clients destinataires sont les mêmes. Et il est plus simple de mutualiser des livraisons au départ d’un même site, afin d’éviter les arrêts supplémentaires des camions, des temps d’attente trop importants, des passages à quai de palettes... Cela diminue les coûts, les ruptures de charge et les aléas potentiels.

Tous aspects considérés, la mutualisation de la livraison entre fournisseurs complique-t-elle la gestion d’un centre de stockage ? Et dans le cas des livraisons avec opérations promotionnelles ?

B. O. : La mutualisation optimale est celle qui est coordonnée en amont, au niveau des commandes. C’est ce que nous avons développé au travers de procédures spécifiques entre nos clients, les distributeurs et notre service ADV, de manière à maîtriser le remplissage des camions. Au niveau de l’entrepôt d’expédition, une bonne coordination est aussi nécessaire entre les équipes logistiques et transport, pour s’assurer que l’ensemble des palettes est chargé dans le même camion et dans le bon ordre. Nous assurons donc une prestation de coordination de la mutualisation de flux avec la gestion des commandes de nos clients, pour l’ensemble des produits, stockés ou en passage à quai, en fond de rayon ou aussi bien en promotion.

Quels sont les principaux gains de la livraison mutualisée pour les distributeurs ? Moins de ruptures en magasins grâce à des livraisons plus fréquentes ? Tous les distributeurs sont-ils également intéressés à ce type de solutions ?

B. O. : Au-delà des gains en coûts de transport et émissions de CO2, la mutualisation des livraisons augmente leur fréquence, et par conséquent baisse le niveau des stocks des distributeurs, tout en augmentant la disponibilité des produits pour les consommateurs. La taille de nos regroupements fait que nous obtenons des fréquences de livraison quotidiennes pour un grand nombre de points de livraison, ce qui fiabilise le transport et augmente le taux de service auprès des distributeurs.

Tous les distributeurs sont intéressés par ces solutions, mais ils ne sont pas tous au même niveau dans la mise en œuvre. Carrefour, Auchan, Cora, Match, Monoprix, Casino ou ITM s’y sont rapidement mis, grâce à la gestion partagée des approvisionnements (GPA). Pour les autres, la synchronisation des commandes est organisée par leurs approvisionneurs ; nous en assurons le contrôle et veillons au respect des règles de fonctionnement.

Êtes-vous confronté à une problématique grandissante associée aux « petits lots » de PGC livrés à des plateformes d’e-commerce ?

B. O. : Oui, les livraisons de petits lots sur rendez-vous concernent aussi bien les plateformes d’e-commerce que les circuits de la restauration hors foyer ou les enseignes de maxidiscompte. Pour ces points de livraison, nous cherchons à proposer des solutions de mutualisation, du groupage de petits lots au départ de plusieurs de nos sites, pour maximiser le remplissage des camions.

L’essor des démarches de mutualisation entre chargeurs complique-t-il le travail du transporteur (plusieurs factures pour un camion…), ou les outils de gestion sont-ils adaptés à ces cas de figure ?

B. O. : Oui, à partir du moment où il a plusieurs chargeurs pour son camion, le transporteur passe plus de temps au chargement, avec plusieurs mises à quai. Sur le plan administratif, il a plusieurs suivis de client à effectuer et plusieurs factures à émettre. Les outils de gestion que nous employons sont bien adaptés.

Les opérations promotionnelles compliquent-elles beaucoup les montages de chargements mutualisés ? Les chargeurs ont-ils inventé des solutions ad hoc ?

B. O. : Elles ne les compliquent pas s’il y a visibilité des commandes promotionnelles et des volumes à expédier en amont. Les distributeurs nous laissent décider des dates de livraison dans la mesure où la date butoir est respectée. Il est ainsi possible d’associer les commandes promotionnelles et les commandes de fond de rayon dans les mêmes camions. Il n’y a donc pas de solution ad hoc, cela fait partie de la procédure des promotions entre la distribution, les fournisseurs et nous-mêmes. Le coordinateur est là aussi indispensable.

Propos recueillis par J. W.-A.

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