Bulletins de l'Ilec

Paris par le train - Numéro 385

01/11/2007

Monoprix a mené une réflexion sur ses choix logistiques et leurs impacts environnementaux. Après avoir été la première à traverser Paris en barge (juillet 2006), l’enseigne renoue, pour la capitale, avec le transport ferroviaire, grâce à la plate-forme de Berçy. Entretien avec Hubert Hemard, directeur du marketing, de la communication et du développement durable de Monoprix

« On fait quoi pour vous aujourd’hui? », demande Monoprix. En matière d’optimisation environnementale du transport de marchandises, comment répondez-vous à votre question ?

Hubert Hemard : Aujourd’hui, nous répondons avec la mise en place de l’acheminement de marchandises vers nos magasins parisiens par train puis par véhi- cules GNV (gaz naturel pour véhicules), un dispositif sur lequel nous travaillons depuis trois ans. En 2004, Monoprix a été sollicité par la Direction régionale de l’équipement (DRE) d’Ile-de-France, pour expérimenter un projet d’acheminement de marchandises par voie ferrée. Compte tenu de son engagement pour un développement durable, Monoprix a accepté de participer à l’expérimentation. Une étude, menée de fin 2004 à septembre 2005 pour le compte de la DRE, de la Mairie de Paris, de la Région, de Réseau ferré de France et de Monoprix, a établi la faisabilité du dispositif à Paris. En 2006, Monoprix a lancé un appel d’offres auprès des opérateurs ferroviaires. Le 5 juillet 2007, un contrat entre Monoprix et Fret SNCF a été signé et, depuis fin novembre, les premiers trains circulent (1). Ce nouveau mode de transport répond aux objectifs de la « Charte de bonnes pratiques des transports et des livraisons de marchandises dans Paris », que Monoprix avait signée le 28 juin 2006 avec la Mairie de Paris. Cette charte vise notamment à optimiser l’entrée et la diffusion des marchandises dans Paris, tout en maîtrisant les nuisances générées par leur acheminement (pollution atmosphérique, nuisance sonore, congestion du trafic, etc.). Comment cela se passe-t-il concrètement ? H. H. : Concrètement, les marchandises sont acheminées par train depuis nos entrepôts de Combs-la-Ville (Seine-et-Marne) jusqu’à la gare de Bercy. Les derniers kilomètres vers les magasins sont ensuite effectués à l’aide de véhicules roulant au GNV et équipés de dispositifs antibruit. Le projet est opérationnel depuis ce mois de novembre, avec la mise en place du dispositif pour vingt-sept magasins parisiens. La deuxième phase portera, en janvier 2008, le nombre de magasins concernés à quarante-cinq. La dernière étape se déroulera en mars : soixante magasins Monoprix et Monop’ de Paris intra muros seront alors approvisionnés par le rail. Cela représente 210 000 palettes de marchandises transportées, soit environ 120 000 tonnes de produits de grande consommation par an. Elles le seront par cinq trains de vingt wagons chaque semaine et par une flotte de vingt camions GNV. Un vaste espace de 3 700 m2 a été aménagé spécialement pour Monoprix dans la halle Gabriel-Lamé (gare de Bercy). Quels sont les gains environnementaux estimés ? H. H. : Ce nouveau mode de transport permettra de réduire chaque année de 10 000 le nombre de camions entrant dans la capitale. Il permettra également de réduire les émissions de CO2 de 280 tonnes et celles d’oxydes d’azote (Nox) de 19 tonnes. La priorité donnée depuis quatre ans au transport fluvial pour les produits venant de l’extérieur de l’UE n’implique-t-elle pas un maillon supplémentaire qui complique la chaîne logistique ? La lenteur de l’acheminement occasionne-t-elle un surcoût pour le consommateur ? H. H. : La pertinence économique et environnementale du transport fluvial chez Monoprix est démontrée. Développé depuis 2003, il est organisé au Havre, où arrivent les navires en provenance d’Asie. Les conteneurs sont livrés par barge directement à l’entrepôt central de Combs-la-Ville, via les ports intérieurs de Bonneuil-sur-Marne ou Gennevilliers. De là, des camions partent livrer les magasins de Paris intra-muros. La première barge Monoprix a traversé Paris le 6 juillet 2006, avec vingt-deux conteneurs exclusivement Monoprix, soit l’équivalent de onze camions (chiffre variant selon la taille des conteneurs). Depuis novembre 2006, deux barges desservent chaque semaine Bonneuil-sur-Marne en passant sous les ponts de Paris. Quels sont les gains environnementaux estimés du mode fluvial ? H. H. : Quatre-vingt-trois pour cent des marchandises « grand import » débarquant au Havre ont emprunté la Seine. L’économie est estimée à 110 tonnes de gaz à effet de serre. Pour un coût de transport inférieur de 4 % à celui du transport terrestre. Quelles autres actions menez-vous pour rendre votre chaîne plus respectueuse de l’environnement ? H. H. : Monoprix exploite deux entrepôts Haute Qualité Environnementale : Combs-la-Ville, inauguré en 2003, et Marly-la-Ville, depuis août 2006. Plus généralement, les actions en faveur d’un développement durable concernent cinq dimensions de l’activité du groupe : l’offre de produits et de services, l’architecture et les équipements, le management, l’organisation et les relations avec l’environnement. En 2006, nous avons mis au point un outil majeur : le « référentiel du Monoprix idéal », liste des bonnes pratiques d’un magasin idéal, qui permettra à chaque point de vente de s’autoévaluer et de dresser des plans de progrès pour intégrer le développement durable dans toutes les dimensions de son activité. (1). Le premier train Monoprix est arrivé le 28 novembre à la gare de Bercy, en présence du PDG de l’enseigne, Philippe Houzé, d’élus locaux et du secrétaire d’Etat aux Transports. « Bien sûr, ça coûte plus cher, mais c’est un choix d’avenir », a souligné Philippe Houzé.

Propos recueillis par Jean Watin-Augouard

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