Bulletins de l'Ilec

Dissipeur d’appréhension - Numéro 465

31/05/2017

Start-up, le mot peut faire encore peur. Leur notation est un métier nouveau, qui va de pair, à l’intention des grands comptes, avec des garanties en cas de défaillance. Entretien avec Laurent Briziou, président de Rate and Go (Exaegis)1

Vous pratiquez l’évaluation des start-up. Quelle est l’origine de votre activité ?

Laurent Briziou : Nous avons créé l’agence Exaegis en 2011, pour noter et garantir les entreprises du numérique. Le premier modèle de notation s’adresse aux entreprises qui font moins de 15 millions d’euros de chiffre d’affaires et ont plus de trois ans ; il utilise des modèles d’évaluation sous l’aspect de la maturité, du risque financier et opérationnel. Avec l’explosion des start-up, nous avons constaté qu’il n’était pas adapté à elles, et que les directions achats des grands groupes n’étaient pas équipées pour les évaluer. Nous avons donc développé un modèle de notation propre, domaine où nous sommes précurseurs.

Quels sont vos critères ? Vos clients ?

L. B. : Nous avons un mode d’évaluation sur site, qui évalue la perspective financière et la capacité d’exécution. Et nous avons développé à partir de ce savoir-faire une plate-forme numérique, Rateandgo.com. L’objectif de cette notation est de mesurer la maturité de l’exécution de la start-up par rapport au référentiel des meilleures pratiques de développement d’affaires dans le numérique. Nous avons pour clients des fonds d’investissement et des grands comptes, chez qui nous avons deux types d’interlocuteurs : les directions innovation et les directions achats numériques. Parmi les grands comptes, nous avons également ceux qui ont des fonds d’investissements propriétaires.

Faites-vous une cartographie sectorielle des start-up ?

L. B. : Pas encore, mais cela fait partie de nos projets pour 2018.

Y a-t-il des freins à l’alliance de grands groupes avec des start-up ?

L. B. : Les freins sont moins nombreux qu’il y a quatre ans. Les grands comptes ont su s’adapter en intégrant l’innovation des start-up. Je distingue aujourd’hui trois comportements : Le premier consiste pour les groupes à créer des incubateurs internes, à favoriser l’intrapreuneriat. Le deuxième, à utiliser les start-up comme vecteurs d’innovation selon deux modalités : les utiliser dans leur propre système de production, informatique ou autre, ou créer avec elles des partenariats permettant de répondre plus rapidement à des offres sur le marché. Troisième comportement : l’investissement direct, avec une prise de contrôle partielle ou totale. De grands comptes très engagés sur le front de l’innovation recourent à toutes ces modalités de collaboration, d’investissement et de création.

Laquelle est privilégiée ?

L. B. : Cela dépend du secteur. Orange ou La Poste n’hésitent pas à développer des services en partenariat avec des start-up, pour offrir des solutions innovantes à leurs clients. En parallèle, ces entreprises utilisent les services de start-up dans leur production ou en investissements.

Dans quels secteurs l’intégration d’une start-up au cœur de l’activité d’un groupe est-elle la plus pratiquée ?

L. B. : Elle est pratiquée un peu partout, le secteur financier est assez gourmand, la grande distribution très gourmande, en raison des nombreux services aux consommateurs, l’aéronautique, comme les biotechs, le devient. Plus le consommateur est proche, plus les start-up sont sollicitées et interviennent pour innover.

Dans un grand groupe, le mot « start-up » peut-il faire peur ?

L. B. : Oui, car on lui associe l’instabilité, l’absence de garantie financière, le risque de non-exécution opérationnelle. L’aversion au risque est, de manière générale, une réalité dans l’entreprise. Qui dit start-up dit innovation et risque. Nos services permettent d’encadrer le risque, car non seulement nous évaluons les start-up en les notant, mais nous pouvons également les garantir, si elles sont défaillantes, jusqu’à la fin du contrat avec une réassurance de 20 millions d’euros.

Est-il recommandé d’avoir un médiateur entre le grand groupe et la start-up ?

L. B. : Généralement, c’est le directeur innovation ou l’acheteur numérique qui fait office de médiateur.

Les « hôtels » de start-up ou incubateurs sont-ils en croissance ?

L. B. : Ils sont de plus en plus nombreux et la concurrence se développe. On constate également une spécialisation des incubateurs, comme des fonds d’investissement, dans l’alimentation, le commerce, la finance, le numérique…

1. www.rateandgo.co.

 

Propos recueillis par J. W.-A.

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