Vie des marques

Bordeau Chesnel, la rillette en valeurs partagées

24/08/2023

Bien-être animal, environnement et revenu agricole : des engagements pérennes entre un industriel et ses partenaires en amont, les éleveurs. C’est ce qu’illustre Bordeau Chesnel (groupe Savencia) dans les filières porcine et avicole. Entretien avec Edwige Laudière, directrice marketing, Bordeau Chesnel.

Bordeau Chesnel a engagé depuis 2018 avec ses partenaires éleveurs une démarche intitulée « Nos valeurs partagées ». En quoi consiste-t-elle et quelles sont ces valeurs ?

Edwige Laudière : Cette démarche s’appuie sur trois dimensions : les hommes, à la fois les éleveurs et les consommateurs, les animaux et l’environnement. Nous souhaitons développer une filière d’approvisionnement française durable. Nous accompagnons nos éleveurs vers des modèles d’élevage plus vertueux sous les aspects bien-être animal et environnement, tout en garantissant leurs revenus grâce à un dispositif de prix minimum et de plus-values. En échange, nous assurons une qualité constante des viandes par le respect d’un cahier des charges précis. Ainsi, nous proposons des produits de grande qualité à nos consommateurs, avec les recettes les plus simples et les plus naturelles possibles.

Ces valeurs partagées sont-elles aussi celles des consommateurs de rillettes ? Sont-ils toujours plus demandeurs de produits plus naturels et locaux ?

E. L. : Dans le contexte inflationniste actuel, les préoccupations premières des ménages se sont recentrées sur les prix des produits. Cependant, les attentes de naturalité, de localité et de transparence persistent chez les consommateurs, en particulier lorsqu’il s’agit de grandes marques. Pour preuve, nos « Rillettes engagées » sont un succès grandissant pour notre marque.

Ces attentes ne sont-elles pas sérieusement contrariées par l’inquiétude du prix ?

E.  L. : Elles le sont effectivement, néanmoins nos engagements ne changeront pas et nous continuons notre démarche «Valeurs partagées », telle qu’en place depuis 2018.

Financer directement des projets d’éleveurs

Vous avez mis en place en 2021 un fonds de soutien aux éleveurs de la filière porcine, dans leur transition vers un modèle d’élevage plus durable ; comment fonctionne-t-il, quelles ressources l’alimentent ?

E. L. : Cette année-là, nous avons lancé nos rillettes pur porc « Engagées ». Pour chaque pot vendu, nous reversons 8 centimes d’euro dans un fonds de soutien. Les fonds récoltés servent au financement de projets d’éleveurs engagés dans la démarche « Nos Valeurs partagées ». Chaque année, les éleveurs doivent déposer leur candidature auprès de Bordeau Chesnel. Un jury composé de quatre représentants de la marque et d’un responsable de l’IFIP, l’institut technique du porc, évalue chaque projet selon différents critères. Les trois meilleurs projets sont récompensés par le fonds de soutien.

Ce fonds est-il à visée régionale ? À quelles conditions un éleveur y est-il éligible ?

E. L. : Le fonds de soutien n’est pas conditionné par la localisation de l’élevage, mais nos éleveurs sont majoritairement situés dans le grand Ouest. Pour candidater, un éleveur doit déjà être engagé avec la marque à travers la démarche « Nos Valeurs partagées » et présenter un projet abouti.

Combien a-t-il permis de récolter, pour combien d’éleveurs et quels types de projets ?

E. L. : La démarche « Nos Valeurs partagées » permet déjà un soutien financier aux éleveurs qui font mieux, grâce à un système de rémunération par plus-values s’ils mettent en place des actions qui améliorent le bien-être des animaux (porcs sur paille, maternité liberté…). Le fonds de soutien permet d’aller plus loin, en participant directement au financement de projets d’éleveurs qui souhaitent s’améliorer. En 2022, nous avons reversé 25 000 € à trois éleveurs. Cette année, nous avons récolté 32 470 €, une belle progression grâce aux ventes réalisées en magasins.

Sur quels critères se fonde votre programme de contractualisation avec les éleveurs ? Quelle proportion de ceux qui vous fournissent est concernée par cette contractualisation ?

E. L. : Nous comptons 224 éleveurs de porcs engagés avec nous. Environ 68 % de notre approvisionnement pour nos rillettes de porc vient d’élevages contractualisés, avec un objectif de 90 % en 2025. Et nous avons adapté la démarche « Nos Valeurs partagées » à la filière poulet.63 % de nos approvisionnements en poulet sont issus de la démarche, l’objectif étant d’atteindre 100 % en 2026.

Prime à plus de liberté pour les animaux

En quoi se singularise sur le plan de la condition animale le modèle d’élevage que Bordeau Chesnel entend favoriser ?

E. L. : Bordeau Chesnel, dans sa contractualisation, veut valoriser les élevages qui ont des critères supplémentaires pour le bien-être animal. Des plus-values supplémentaires sont proposées aux élevages qui utilisent de la paille ou diminuent la contention des animaux en maternité.

Et en matière de réduction des intrants ?

E. L. : Nous avons plusieurs critères sur l’alimentation des animaux, pour favoriser des apports suffisants et une viande qualité. En ce qui concerne l’impact environnemental, nous demandons aux élevages contractualisés de réaliser un bilan environnemental, afin d’avoir une vision précise de l’impact de notre amont et d’affiner notre bilan carbone, avec l’objectif de l’améliorer au maximum.

Qu’imposent les critères du “Better Chicken Commitment” ?

E. L. : En avril 2021, nous avons déployé la démarche « Nos Valeurs partagées » à nos approvisionnements en poulet auprès des producteurs locaux et de nos partenaires. La filière poulet est très différente de la filière porcine, avec des problématiques propres. Nous avons gardé l’essence de la démarche, en l’adaptant aux particularités de cette filière. De la même manière que pour le porc, la démarche engage une amélioration progressive du bien-être animal et de l’impact environnemental. Plusieurs actions sont déjà en place : donner accès à la lumière naturelle, aménager des perchoirs et des pierres à picorer, augmenter l’espace disponible pour les animaux, privilégier la production d​‌’énergie directement à la ferme…

Comme beaucoup d’acteurs de la filière, nous sommes confrontés aux problèmes causés par la grippe aviaire. Outre l’obligation de s’approvisionner très occasionnellement en poulet UE, afin de garantir la continuité de notre fabrication, la crise a fortement ralenti le déploiement de notre démarche chez nos partenaires. Notre objectif est, en 2026, d​‌’avoir 100 % de nos approvisionnements en filière poulet responsable. Le Better Chicken Commitment demande aux entreprises agroalimentaires de s’engager pour le bien-être animal dans la filière poulet d’ici à 2026, en respectant plusieurs critères comme une densité plus faible, l’accès à la lumière, ou une génétique particulière.

Empreinte carbone réduite de moitié en huit ans

Y aura-t-il un jour un retour chez Bordeau Chesnel des rillettes végétales ?

E. L. : Par rapport à d’autres pays européens ou d’ailleurs dans le monde, le marché du végétal en France est en retard. Nous avons lancé une référence sur un marché encore trop immature. Pour le moment, il n’est pas prévu de relancer de recette végétale.

Comparé aux sites qui l’ont précédé, quelles sont les performances environnementales – décarbonation, consommation d’eau… – du site industriel que vous avez inauguré en 2020 à Yvré-l’Évêque (Sarthe) ?

E. L. : Depuis 2015, nos ateliers ont réduit leur empreinte carbone de 50 % et la consommation d’électricité de 20 % .

À combien s’élèvent vos investissements RSE en 2022 ? Pouvez-vous citer quelques exemples significatifs ?

E. L. : Nos approvisionnements responsables représentent un surcoût non-négligeable, sur lequel nous ne souhaitons pas communiquer d’informations. Notre stratégie RSE ne s’arrête pas à la production des rillettes. Nous travaillons en étroite collaboration avec des associations locales, que ce soit pour des collectes de vêtements (Emmaüs, La Cravate solidaire…) ou de jouets, avec les Restaurants du Cœur, l’Adimc 72 (« Trois oranges pour 2 € »), etc. Nous reconduisons d’année en année nos partenariats avec ces associations locales.

Parvenez-vous à intégrer une partie des coûts dans vos négociations commerciales ?

E. L. : Le prix des matières premières agricoles est sanctuarisé par la loi Égalim 2, ce qui n’est pas le cas des coûts industriels (énergie, eau…). Face à ces hausses sans précédent, il y a un vrai enjeu dans les négociations avec les enseignes !

Prévoyez-vous d’indiquer le Rémunéra-Score sur vos emballages ?

E. L. : Il existe de nombreux systèmes qui permettent d’évaluer les produits, l’aspect nutritionnel avec le Nutri-Score, l’impact environnemental avec le Planet-Score, celui des emballages avec l’Éco-Score, … Ce qui peut faire beaucoup d’informations à afficher. Or depuis 2018, nous travaillons à la réduction de la taille et du poids de nos emballages. On ne pourra pas tout afficher ! Mais les consommateurs peuvent retrouver les informations sur la démarche Nos Valeurs Partagées en toute transparence sur notre site internet.

Propos recueillis par Jean Watin-Augouard

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