Tribunes

L’offre vrac, une œuvre collective

24/03/2023

L’initiative multi-acteur « En avant Vrac ! » vient de lancer son plan de travail pour apporter aux acteurs du marché, d’ici neuf mois, les solutions indispensables à l’accélération et à la massification de l’offre vrac portée par les marques en France. Par Antoine Salles, directeur de l’agence Causanova.

Le forum de lancement de l’initiative « En avant Vrac ! » s’est tenu le 4 octobre dernier dans les locaux de la fédération du commerce Perifem à Paris. Il a réuni une soixantaine de représentants de la grande distribution, de producteurs de marques nationales, d’apporteurs de solutions et d’autres organisations concernées par le développement de la vente en vrac en France. Face à l’impératif environnemental de réduction des emballages plastiques, et les attendus réglementaires à horizon 2025-2030 [1] concernant la vente en vrac, cette initiative, lancée conjointement par l’Ilec, le Pacte national sur les emballages plastiques et Perifem, a pour ambition de faire collaborer tous les acteurs de la chaîne de valeur afin d​‌’apporter aux acteurs du marché des solutions nécessaires au déploiement à l’échelle, en France, de l’offre vrac des marques nationales et des MDD. « Réduire la mise en marché d’emballages plastiques est la priorité de nos signataires, qu’ils soient industriels ou distributeurs, affirme Alexandre Le Vernoy, coordinateur du Pacte National sur les emballages plastiques. La vente en vrac, au même titre que le réemploi ou le remplacement des emballages plastiques par d’autres matériaux recyclables, constitue un des leviers à notre disposition pour y parvenir. Concernant le vrac, certains de nos signataires nous ont fait valoir qu’il était temps de dépasser le seuil de l’expérimentation ou le constat des freins. C’est pour cela que nous avons voulu réunir tous les acteurs concernés – industriels, distributeurs, apporteurs de solutions, partenaires techniques et institutionnels – pour travailler ensemble à proposer aux acteurs du marché les solutions qui permettront l’industrialisation de solutions pérennes à court et moyen terme. »

Les marques, fer de lance du vrac

Le manque de profondeur de l’offre constitue un des freins bien connus au développement de la vente en vrac en France. Face à des consommateurs de plus en plus soucieux des risques sanitaires et attentifs à la provenance des produits qu’ils achètent, le développement massif d’une offre portée par les marques serait de nature à relancer les ventes en vrac, qui peinent à retrouver leur forte dynamique d’avant la crise Covid. « Les marques rassurent, estime Sophie Palauqui, responsable des pôles marketing & RSE de l’Ilec. Les études montrent que l’offre de marques nationales vendues en vrac constitue non seulement une attente des consommateurs de vrac, mais aussi le premier facteur qui pourrait attirer ceux qui ne consomment pas encore en vrac. »

« Avec les deux autres membres fondateurs d’En avant Vrac, nous avons réussi à mettre en synergie nos écosystèmes, se réjouit Christine Bourge, responsable environnement chez Perifem, nous voulions que tous les acteurs, concernés par le vrac en France se retrouvent autour d’une table. À ce jour, huit enseignes de la grande distribution et une vingtaine d’apporteurs de solutions ont décidé de rejoindre notre initiative. Elle est ouverte et nous pensons pouvoir compter, du côté des industriels, sur une participation d’au moins une trentaine de producteurs de marques nationales mais aussi de marques de distributeurs. »

Des questions très techniques où l’harmonisation est requise

Pour lever les freins structurels au déploiement massif de l’offre vrac portée par les marques en France, En avant Vrac propose à l’ensemble des acteurs de travailler autour de quatre grands enjeux ou besoins d’harmonisation :

  1. le dimensionnement et les spécificités techniques des modules de vrac (silo, bac, fût, bag-in-box…) pour assurer l’interopérabilité avec les systèmes de distribution en magasin pour chaque catégorie de produits « vracables » (avec l’accent sur les catégories, détergents et hygiène-beauté ;
  2. le calibrage d’une organisation logistique nécessaire au déploiement d’un modèle de vrac basé sur des modules réemployables ;
  3. la prise en charge dans toutes les grandes et moyennes surfaces du tarage des contenants consommateurs, pour fluidifier le parcours en magasin et encourager les consommateurs à venir avec leurs propres contenants ;
  4. la mise en œuvre d’un système d’information produit propre à assurer la traçabilité complète à toutes les étapes et pour tous les acteurs de la chaîne de valeur (producteurs, intermédiaires logistiques, distributeurs et consommateurs).

À ces quatre besoins d’harmonisation répond un plan de travail collaboratif entre es acteurs concernés de la chaîne de valeur. Les travaux, commencés en décembre 2022, se poursuivront jusqu’à l​‌’automne 2023. Ils doivent permettre de construire des référentiels de spécifications techniques que pourront adopter l’ensemble des acteurs du vrac vendu en France. Leurs résultats, regroupés dans un « Registre de solutions harmonisées », seront rendus publics à la fin de l’année 2023. Enfin, cette initiative d’ampleur inédite en France est déjà soutenue par de nombreux partenaires institutionnels et techniques qui siégeront au comité de pilotage et éclaireront les acteurs dans leurs décisions : la Direction générale à la Prévention des risques (DGPR), l’Ademe, Réseau Vrac, la Fondation Ellen MacArthur, GS1 et Citeo.

1. Décret n° 2021-517 du 29-04-21 relatif aux objectifs de réduction, de réutilisation et de réemploi, et de recyclage des emballages en plastique à usage unique pour la période 2021-25 (avant le 31 décembre 2025, réduction de 20 % , vs 2018, du volume d’emballages plastiques à usage unique mis en marché, dont au moins la moitié par le réemploi et la réutilisation) ; chapitre III, article 23 de la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 « Climat et résilience » (avant le 1er janvier 2030, au moins 20 % de la surface de vente des produits de grande consommation dans les commerces de 400 m2 et plus consacrés à des produits sans emballages primaires).

Antoine Salles

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