Bulletins de l'Ilec

Pas de négo, mais une chaîne valorisée - Numéro 482

30/06/2019

Service de livraison à domicile de produits frais, bio et locaux après commande internet, Alancienne dessert douze communes dont Paris. Dans son modèle, le consommateur rémunère directement le producteur. Entretien avec Paul Charlent, cofondateur d’Alancienne

Vous écrivez que tout en soutenant l’agriculture bio locale votre ambition est « d’aider les Parisiens à changer leurs habitudes alimentaires en leur donnant accès à des produits sains et très frais ». La vente en ligne favorise-t-elle intrinsèquement cette ambition sanitaire, et le conseil nutritionnel ?

Paul Charlent : Oui bien sûr, l’outil digital permet de maximiser les informations et d’être exhaustif. Nous avons des fiches sur chaque produit, avec des idées de préparation ou parfois des conseils nutritionnels, et elles s’étoffent de semaine en semaine. Le consommateur peut accéder aux informations qu’il recherche et chacun s’y retrouve. De plus, nous créons une communication permanente entre les clients et les producteurs. Comme nous les voyons quatre fois par semaine, nous servons de messagers. Le digital est vraiment pratique, les gens osent et la pédagogie est possible. Cependant, ce qui les aide à changer, c’est le plaisir et le goût. Aussi notre offre est large, pour répondre à leur demande.

Avec Alancienne ce sont « les producteurs qui imposent leurs quotas, et non l’inverse ». Comment un distributeur est-il rentable sans négocier les prix ?

P. C. : Comment un distributeur est rentable en négociant les prix, plutôt ! Lorsqu’on ne négocie pas les prix, on entre dans un système vertueux. Les producteurs font de la qualité, ils gagnent leur vie et peuvent investir dans la qualité environnementale, sociale, et dans le goût. Si c’est pour que le contribuable repaie trois fois les produits à cause de problèmes environnementaux ou de santé publique, ou pour verser des subventions, cela ne sert à rien de négocier. Dans notre modèle le prix final proposé aux consommateurs n’est pas affecté, puisque nous sommes le seul et unique intermédiaire. Et ça change tout !

Votre modèle ne menace-t-il pas les marchés parisiens ?

P. C. : Non, au contraire. C’est avant tout une alternative à la grande distribution. On ne veut surtout pas retirer aux gens le plaisir d’aller faire leur marché le samedi – chez des petits producteurs bien sûr ! On permet plutôt à ceux qui n’ont pas le temps de le faire de bien manger.

De petits acteurs tels qu’Alancienne sont-ils concernés par la charte « PME-plateformes » signée sous les auspices du gouvernement ?

P. C. : A priori non, nous ne sommes pas une « plateforme ». Nous sommes en achat-revente. Nous sommes responsables de nos ventes. C’est peut-être pour cela que notre sélection de producteurs est minutieuse, et qu’ils sont parmi les meilleurs de France !

Possédez-vous une flotte de livraison, ou sous-traitez-vous (camions jusqu’à l’entrepôt, scooters depuis l’entrepôt) ? Avec des véhicules propres ?

P. C. : Nous nous occupons de la tournée des producteurs. Pour le moment, nous avons un véhicule classique, car nous n’avons pas trouvé d’alternative propre viable. Nous cherchons sans cesse ! Cependant, comme les producteurs sont à moins de cent kilomètres du lieu de livraison final, nous sommes bien meilleurs que les circuits classiques. Pour le dernier kilomètre, nous passons par une société qui prend les livreurs en CDI. Chez nous, ils sont toujours les mêmes. Ils connaissent les produits et les clients, la qualité de livraison n’en est que meilleure.

Propos recueillis par J. W.-A.

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