Bulletins de l'Ilec

Large panorama et multiples points de vue - Numéro 394

01/10/2008

L’étude privilégie l’analyse de la valeur ajoutée, plutôt que de rapporter le résultat net au chiffre d’affaires, car un tel ratio ne permet pas de comparer les activités à forte valeur ajoutée de l’industrie et les activités à moindre valeur ajoutée de la distribution. Elle examine la situation des entreprises relativement à deux modes d’acquisition du profit : par la marge (maximisée par des politique de marque, des investissements en communication ou en R&D) et par la rotation du capital (accroissement du volume d’affaires). L’analyse des données recueillies fait apparaître que la rentabilité est globalement supérieure chez les commerçants, surtout en situation de crédit fournisseurs gratuit, c’est-à-dire quand il ne fait pas l’objet d’un « retraitement » (1). La moindre performance des industriels est particulièrement visible en termes de rentabilité des capitaux propres. Aux meilleures places du classement figurent un plus grand nombre de distributeurs. Ceux des distributeurs qui ont appliqué une politique de marge ont créé plus de valeur (2) que ceux qui ont tendu à maximiser plutôt la rotation des ventes en volume. Pour les industriels comme pour les distributeurs, la rentabilité des différentes formes de capitaux investis s’est dans l’ensemble plutôt redressée en 2006. Les industriels ont cependant globalement amélioré leur création de valeur en 2006, alors que celle des distributeurs s’est tassée, voire dégradée. Les industriels de grande taille (plus de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires), dont on peut remarquer par ailleurs qu’ils disposent de marques fortes, sont nettement plus rentables que les PME, vraisemblablement du fait que parmi elles bon nombre fabriquent essentiellement des marques de distributeurs. Les grands industriels créent autant de valeur que les distributeurs, alors que les PME, globalement, en détruisent. Parmi les PME de l​‌’industrie alimentaire, l​‌’activité à l​‌’exportation, lorsqu​‌’elle est forte, crée une dynamique de marge qui améliore les taux de profit, malgré l​‌’alourdissement des contraintes d​‌’exploitation. Par formats de vente, les maxidiscomptes étant imparfaitement représentés dans l’échantillon des distributeurs, la meilleure performance est associée au supermarché. Plus finement, ce sont les formats dont le chiffre d’affaires est compris entre 15 et 30 millions d’euros qui affichent la plus forte rentabilité. (1). Le crédit fournisseurs équivaut à une ressource en capital qui ne coûte rien. Il est « retraité » au taux du marché par l’analyse, quand celle-ci vise à faire ressortir la rentabilité intrinsèque de l’entreprise débitrice. (2). Il y a « création de valeur » quand le retour sur capital investi engendre un bénéfice supérieur à son coût ; créer de la valeur, c’est obtenir du capital employé, provenant de l’emprunt, de l’autofinancement ou du crédit fournisseurs, plus qu’il ne coûte.

François Ehrard

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