Industries de PGC et acteurs locaux
Écosystème local en construction dans le Saint-Quentinois
17/10/2025
Quels bénéfices retirez-vous des collaborations de votre agglomération avec les entreprises et que leur apporte-t-elle ?
Frédérique Macarez : L’implantation d’entreprises permet au territoire de créer de l’emploi et de développer de l’écosystème local en apportant de nouvelles opportunités aux sous-traitants du territoire. Le Saint-Quentinois a une stratégie « robonumérique » avec les entreprises locales pour promouvoir une filière robotique très implantée, afin de créer des cursus au sein du pôle universitaire de Saint-Quentin et permettre aux jeunes du territoire de se former aux métiers porteurs et disponibles localement. La formation des demandeurs d’emploi est clé ; des sessions ont été organisées spécifiquement avec les entreprises du territoire pour les former aux métiers en tension. Un club climat associe les entreprises autour des enjeux environnementaux, un club réseau RH leur permet de partager les problématiques de recrutement. Par exemple pour les métiers en tension de la maintenance, un projet travaillé avec L’Oréal.
Quelles sont vos méthodes de collaboration ?
F. M. : L’agglomération du Saint-Quentinois travaille étroitement avec les entreprises afin de connaître leurs besoins et mettre en œuvre des actions permettant d’y répondre. Les sujets liés à l’économie sont prioritaires dans l’agenda des équipes de la Communauté d’agglomération de Saint-Quentin. Nous organisons plusieurs fois par an des rendez-vous thématiques, et nous aimons associer les entreprises à nos politiques publiques ; elles sont le vivier du territoire. Nous proposons un interlocuteur unique à chaque entreprise. Ainsi, il connaît parfaitement l’écosystème et les contraintes de celle-ci et ne la sollicite que sur les sujets qui l’intéressent.
Relations suivies avec les directeurs de sites
Plus généralement, de quelles ressources disposez-vous pour suivre cette politique ?
F. M. : L’agglomération est dotée d’une direction du développement économique qui travaille à l’implantation de nouvelles entreprises ainsi qu’au suivi des entreprises endogènes, en entretenant des relations avec les directeurs de site. L’objectif est de répondre aux besoins des entreprises. L’agglomération s’appuie également sur Itinéraire Emploi, bras armé de l’emploi pour le territoire, qui permet de développer des relations avec les services RH.
Pour l’aménagement du territoire et les écosystèmes locaux, nous souhaitons associer le plus grand nombre et nous nous tenons à la disposition de chacun dans le respect du temps qu’il peut y consacrer. Sur les questions liées à l’enseignement supérieur, nous tenons compte des idées des entrepreneurs locaux, pour négocier ensuite la création ou l’adaptation de formations correspondant aux besoins locaux.
Rencontrez-vous des difficultés ?
F. M. : Beaucoup d’entreprises sont très proactives sur le territoire, elles sont nombreuses à participer à des clubs d’entreprises. En revanche, nous devons aller à la rencontre de certaines, notamment les petites, qui ont moins cette habitude et manquent de temps.
Comment cela s’est-il passé avec L’Oréal ?
F. M. : L’entreprise rencontrait des difficultés à recruter des techniciens de maintenance et des conducteurs de ligne. Le territoire a donc créé un groupe de travail ad hoc avec les partenaires de l’emploi. Ensemble, nous avons construit une formation spécifique, sur mesure, pour permettre à des demandeurs d’emploi de se former et d’accéder à un CDI. L’entreprise a ainsi bénéficiés d’une main-d’œuvre formée et opérationnelle.
En conclusion, quel rôle attribuez-vous aux entreprises de votre territoire ?
F. M. : Il est nécessaire et important que les entreprises s’investissent sur leur territoire et contribuent au développement d’un écosystème en jouant un rôle de locomotives de l’emploi, de la formation et de l’innovation. Et les territoires ont intérêt à collaborer pour offrir un plus grand bassin de vie et d’emplois aux entreprises et à leurs salariés. Les dispositifs comme « Territoire d’industrie » sont nécessaires pour être identifiés et reconnus par des entreprises internationales. L’investissement dans l’innovation et la production est le signe d’une bonne collaboration et d’une confiance entre les entreprises et le territoire.
Propos recueillis par Benoît Jullien (Icaal)La relation entreprise-collectivités vue par L’Oréal
Entretien avec Guillaume Delaplace, directeur de l’usine de Saint-Quentin.
Quels sont les enjeux d’une saine collaboration entre une entreprise et son environnement géographique ?
Guillaume Delaplace : L’usine L’Oréal de Saint-Quentin embauche plus de trois cents personnes et manufacture certains produits des marques L’Oréal Paris, L’Oréal Professionnel, Garnier, Vichy, et CeraVe. Nos attentes vis-à-vis des collectivités sont en adéquation avec les prérogatives de chacun : le développement et l’intégration harmonieuse de notre site dans le tissu local, un soutien à l’emploi et au développement des compétences par la formation et l’éducation, en promouvant des programmes de formation professionnelle adaptés à nos besoins, que ce soit pour les opérateurs, les techniciens ou les ingénieurs. L’objectif est d’avoir localement un vivier de talents qualifiés avec l’envie à intégrer nos équipes.
Il est également nécessaire d’avoir une collaboration étroite avec les services de l’emploi locaux (Pôle Emploi, Missions locales, Réseau RH) pour faciliter nos recrutements, notamment pour l’intégration de personnes éloignées de l’emploi ou pour la promotion de l’alternance. Ce sont des partenaires essentiels et nos destins sont liés : les collectivités sont à l’écoute de nos enjeux industriels et économiques et œuvrent à un environnement propice à notre croissance, à la création d’emplois et au bien-être de nos employés. Nous avons besoin d’elles et je pense qu’elles ont aussi besoin de nous pour faire vivre les beaux territoires de France.
Pouvez-vous mentionner quelques-unes de vos actions en lien avec votre territoire ?
G. D. : Bien sûr. Nous nous engageons régulièrement dans des partenariats avec toutes les collectivités (ville, agglomération, département, région) sur l’emploi et la formation, en collaborant avec Pôle Emploi et les Missions locales pour nos recrutements, qu’il s’agisse de contrats saisonniers, de CDI ou de programmes d’insertion. Nous travaillons main dans la main avec ces structures pour toucher un large public et faciliter l’accès à l’emploi sur le territoire. Par exemple, nous somme partenaires avec Agro-Cosm pour intégrer dans nos équipes des personnels non qualifiés, qui seront diplômés à la fin de leur parcours, ou encore avec l’École de la deuxième chance, qui a permis d’intégrer certains de ses élèves dans nos équipes, après une première mission.
Lorsque le groupe L’Oréal a choisi notre usine pour investir 70 millions d’euros et lancer de lourds travaux de transformation et de développement de nos capacités de production, nous avons dialogué étroitement avec les collectivités pour obtenir les autorisations nécessaires (urbanisme, environnement). Par ailleurs, L’Oréal est très engagé dans le développement durable : nous collaborons avec les collectivités sur la gestion des déchets (recyclage, valorisation), l’optimisation de nos consommations d’eau ou d’énergie, et l’intégration de notre site dans son environnement naturel. Enfin, nous pouvons être partenaires d’événements culturels, sportifs ou sociaux locaux. C’est une façon pour nous de renforcer un ancrage territorial que nous cultivons depuis plus de cent seize ans, et de soutenir les initiatives qui contribuent au bien-être de nos employés et des habitants de Saint-Quentin et Gauchy.
Ces partenariats rencontrent-ils des obstacles ?
G. D. : Sincèrement, aucune difficulté n’a été identifiée. Au contraire, nous travaillons main dans la main dans un dialogue ouvert et une volonté commune de construire un partenariat durable et efficace. Nous nous efforçons toujours d’établir des relations de confiance et de transparence, pour que notre collaboration soit fluide et positive pour toutes les parties.
Des évolutions s’annoncent-elles dans cette politique ?
G. D. : Comme je le disais, nous collaborons déjà étroitement avec les collectivités au développement de filières de formations professionnelles dans les métiers de l’industrie du futur : robotique, maintenance prédictive, intelligence artificielle appliquée à la production, gestion de données, automatisation avancée... Concrètement, nous avons déjà lancé un projet 2026 pour favoriser la mixité de l’emploi et attirer de jeunes talents dès le collège.