QR Code augmenté GS1 : virage pris pour Yoplait
12/06/2025
Qu’est-ce que le QR code augmenté GS1 apporte de plus par rapport au code-barres classique ?
Vincent Branquet : Créé il y a cinquante ans, le code-barres ou EAN-13 avait révolutionné le commerce grâce à l’identification unique du produit, permettant l’appel prix. Aujourd’hui, face aux nouveaux défis du marché, des attentes consommateurs et des exigences réglementaires, il montre ses limites. C’est dans ce contexte que le QR code augmenté GS1 devient un véritable levier de transformation répondant à ces nouveaux enjeux et usages futurs : transparence sur l’information produit, traçabilité, lutte contre le gaspillage ou encore retrait-rappel.
Ce nouveau symbole, lisible partout dans le monde, que les acteurs ambitionnent d’adopter à horizon 2027, va donc beaucoup plus loin. Avec un simple scan, le consommateur accède à des informations multiples (origine du produit, recyclabilité…) pour interagir avec la marque, et celle-ci y trouve un moyen de fidélisation. Ce code-barres nouvelle génération permettra aussi de bloquer un produit rappelé ou de déclencher une promotion à l’approche de sa date limite, grâce à sa capacité à encapsuler des données produits multiples et fiables. C’est un vrai tournant pour un écosystème plus durable, plus sûr et plus connecté.
Quelles sont les étapes de déploiement que devra adopter l’industriel qui souhaiterait appliquer le QR Code augmenté GS1 sur son emballage ?
V. B. : Prendre connaissance du sujet pour comprendre ce qu’est le QR code augmenté GS1, ses enjeux, sélectionner les cas d’usage qui correspondent aux besoins de l’entreprise et former une équipe projet transverse. La transition vers le QR Code augmenté GS1 doit être portée à un niveau stratégique et engage toutes les lignes métiers.
Comment sensibiliser et informer le marché sur les avantages du QR Code augmenté GS1 et les préparer pour le futur ?
V. B. : En décembre 2024, une centaine d’entreprises s’étaient engagées dans le mouvement vers le QR Code augmenté GS1. C’est le début du déploiement, les entreprises mettent en place une équipe projet et commencent à envisager cette nouvelle trajectoire.
Aujourd’hui, nous comptons plus de cent quatre-vingts entreprises, et l’adoption accélère, avec de l’acculturation aussi bien de petites que de grandes, notamment dans le cadre de nos communautés GSI qui réunissent les acteurs du marché.
Comment accompagner le marché pour cette nouvelle ère qui se prépare ?
V. B. : Cette transformation, majeure, ne va pas se faire du jour au lendemain. Après la période d’acculturation en 2023-2024, nous entrons dans la phase de la mise en œuvre. En 2025, nous continuons d’acculturer, tout en partageant l’expérience d’acteurs qui ont déjà mis en place le QR Code augmenté GS1, et qui témoignent des avantages pour leur organisation.
Les deux systèmes vont-ils cohabiter pendant un certain temps ?
V. B. : Oui, il faut laisser le temps au marché de réaliser cette adaptation. Un peu comme une autoroute à double voie, code-barres et QR code augmenté GS1 vont cohabiter sur un même emballage. Au-delà de 2027, le temps que la transition nécessitera afin que tous les acteurs soient prêts pour le passage à l’échelle. Les distributeurs sont déjà embarqués dans cette transition et nous sommes dans la collaboration pour préparer le commerce de demain.
C’est, pour eux, un investissement, notamment au niveau des caisses. Sont-ils déjà en parti équipés ?
V. B. : Il y a deux sujets : le hardware et le software. Les distributeurs français sont bien sûr informés et mènent actuellement les travaux nécessaires. Certains systèmes sont capables de lire les nouveaux codes et de les interpréter. Carrefour a annoncé en 2024 la mise en place du QR Code augmenté GS1 sur l’ensemble de ses produits, soit huit mille références en marque distributeur (MDD).
Cinq projets pilotes
Depuis quand Yoplait est-il embarqué autour du déploiement du QR code augmenté GS1 et pour quelles raisons ?
Nathalie Molina : Nous travaillons sur cette transformation depuis plus de deux ans. Ainsi, dans le domaine de la logistique, nous avons une demande de la distribution de lire nos caisses en entrepôt mécanisé. Le QR Code augmenté GS1 permet de répondre à de multiples enjeux, de distribution, logistiques, tout en étant connecté et transparent avec le consommateur. C’est un vrai changement par rapport au code-barres classique, car il nous permet d’envisager de nouveaux usages futurs. Yoplait est aujourd’hui en ordre de marche pour saisir cette opportunité.
Agathe Marcon : Chez Yoplait, nous avons pris connaissance de l’arrivée de QR Code augmenté GS1 comme un vrai potentiel pour répondre aux futurs usages. Pour un grand nombre d’acteurs, le déploiement de ce symbole est nouveau. Il était important pour nous d’avoir l’accompagnement de GS1 France pour réussir cette transition. Nous partageons aussi nos réflexions dans le contexte du déploiement avec d’autres acteurs, au travers du collectif et des événements GS1.
Où en êtres vous à ce jour ?
N. M. : Nous avons commencé en 2024 avec la gamme Petits Filous Vanille. Nous menons déjà deux projets pilotes sur certains emballages et nous allons en lancer trois autres dans les tout prochains mois avec des QR Codes augmentés GS1 préimprimés chez nos fournisseurs d’emballages. Mais nous n’avons pas encore les données de traçabilité.
A. M. : C’est un besoin logistique qui nous a amenés à nous intéresser au QR Code augmenté GS1 chez Yoplait, notamment celui de répondre aux attentes des nouveaux entrepôts logistiques mécanisés de nos clients. Nos caisses de produits passent sous de grandes arches dotées de caméras qui pourront les ranger automatiquement.
Quelles sont les conditions pour réussir le passage au QR Code augmenté GS1 ?
N. M. : Il est important que nos fournisseurs d’impression soient outillés pour le suivi de nos cadences. Nous avons commencé par intégrer des données statiques, selon les recommandations de GS1. Dans cette première phase, nous pouvons déjà maximiser les possibilités de contenu pour interagir avec les consommateurs. Nous avons réalisé des tests de lecture en entrepôts logistiques mécanisés avec certains de nos distributeurs. Autre interrogation : comment le système va-t-il se comporter quand les lecteurs en caisse vont lire les QR Codes, car il y aura sur nos produits pilotes deux codes, un code barre et un QR Code augmenté GS1 ? Grâce à l’accompagnement de GS1 nous avons déployé le QR Code augmenté sur l’emballage en conformité avec les standards, ce qui permet de préparer le passage en caisse en étant sûrs d’avoir un seul appel prix, mais à ce stade nous n’avons pas encore effectué ces tests.
A. M. : La validation du passage en caisse des produits avec un QR Code augmenté GS1 sera en effet une étape majeure et indispensable dans le déploiement. Nous en sommes justement à cette étape, alors que tous les tests pour le cas d’usage logistique ont été validés. Pour cela, nous travaillons main dans la main avec GS1, des distributeurs et des équipementiers de lecteurs de caisse, pour sécuriser la bonne lecture des QR Codes augmentés GS1 au moment du passage en caisse. La difficulté tient surtout à la nouveauté. Nos équipes ont pu s’engager dans ce projet en étant formées aux standards GS1 et avec le conseil d’experts, de la phase d’élaboration de l’équipe projet en interne jusqu’au déploiement sur l’emballage. La réussite repose sur la bonne coordination avec toutes les parties prenantes. Yoplait a pris le virage, convaincu de la valeur que le QR Code augmenté GS1 apporte, aujourd’hui et demain.
Vers de nouveaux usages
En termes d’investissement, au-delà du temps-homme, est-ce que cela nécessite un changement de vos systèmes d’information, des outils nouveaux ?
N. M. : Pour l’instant, nous sommes dans le temps-homme, les flux de données, la manière de raccorder un site Web à un QR Code ; avec la multitude des QR Codes, il y a beaucoup de liens à faire. C’est beaucoup de réflexion, d’alignement des équipes, de construction des flux. Il n’y a à ce stade pas de surcoût ni d’investissement pour du marquage en ligne, et pas d’effet sur la cadence de ligne. Quand on passera au QR Code dynamique, il faudra investir dans des technologies d’impression pour nos usines.
Le QR Code augmenté GS1 constitue-t-il un nouveau service pour les consommateurs ?
N. M. : Pour le client et pour les consommateurs. Avec la lecture dans les entrepôts mécanisés, nous offrons aux distributeurs la possibilité de gains de productivité. Mais c’est aussi un nouveau service pour les consommateurs, qui pourront bénéficier d’informations additionnelles sur le produit et la marque. Les cas d’usages, qu’on ignore aujourd’hui dans leur globalité, vont se multiplier dans le temps.
A. M. : Au-delà de l’usage logistique, le QR Code augmenté GS1 est l’avenir de l’identification des produits de grande consommation. Nous envisageons beaucoup d’autres usages pour la suite : partage de la traçabilité de chaque ingrédient de nos produits avec nos clients et nos consommateurs, sécurisation des retraits-rappels, idées de recettes ou promotions pour nos consommateurs, etc.
Où placer le QR Code augmenté GS1 sur l’emballage ?
V. B. : Le QR Code augmenté GS1 fait gagner de la place sur l’emballage en digitalisant des informations produit grâce au GS1 Digital Link. Il réunit deux ou trois QR Codes différents qui figurent également sur l’emballage. À la marque de faire des choix entre les labels qu’elle veut voir figurer sur ses produits.
A. M. : Le QR Code augmenté GS1 est plus petit qu’un code-barres traditionnel, c’est un carré de 14 millimètres. Aujourd’hui, tous les consommateurs ne scannent pas les QR Codes et ne vont donc pas chercher des informations en ligne, mais c’est une pratique qui pourrait se démocratiser à l’avenir.
V. B. : Il y a encore un chemin à tracer en France ; en Chine aujourd’hui, tous les consommateurs scannent. Le geste s’est démocratisé. Demain en cas de pop-up automatisé pour un rappel de produit, le consommateur en recherche d’informations sera très vigilant sur le plan de la traçabilité, de la transparence de la composition du produit. Scanner un QR Code augmenté GS1 deviendra un réflexe.
Au niveau international, les systèmes de codification seront-ils adoptés ?
V. B. : Il y a des exemples de déploiement chez les industriels en Espagne, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Australie, au Japon, en Corée du Sud, avec des cas d’usages différents, ainsi que chez les distributeurs.
Au plus haut niveau de l’entreprise
Yoplait a-t-il établi un planning d’adoption du QR Code augmenté GS1 ?
A. M. : Nous avons commencé par réaliser tous les tests sur les cas d’usage avec les distributeurs et les fournisseurs de lecteurs de caisse. Quand cette étape sera finalisée, nous pourrons déployer sur la totalité de nos produits. Toutes les parties prenantes, GS1 France, distributeurs, fournisseurs, sont moteurs, ce qui est indispensable.
V. B. : La transition doit se faire en cohérence avec l’écosystème, la montée en compétence se faire progressivement chez tous les acteurs concernés. Pour autant, nulle obligation que fin 2027 tous les acteurs soient équipés ! Nous tenons à rassurer les acteurs qui seraient concernés par cette transition, et nous pourrons évidemment les accompagner à leur rythme, en adéquation avec leurs enjeux internes et leurs marchés respectifs.
Existe-il une liste des différentes données que peut délivrer un QR Code augmenté GS1 ?
V. B. : On compte plus de trois cent cinquante types de données produit ! La liste est établie en fonction des enjeux des entreprises, et on découvrira d’autres possibilités lors de la mise en œuvre.
Les entreprises sont-elles tenues de renseigner ces 350 données ?
V. B. : Non. Il y a deux données obligatoires : le nom de domaine et les treize chiffres sous le code à barres. Les 350 données sont complémentaires. Si, par exemple, je suis une entreprise qui produit des œufs, je veux indiquer à mes consommateurs à quel moment ont été pondus les œufs, de quel éleveur ils proviennent : j’intègre un numéro de lot, pour les renseigner sur la traçabilité quand ils vont scanner la boite. C’est ce qu’on appelle une donnée complémentaire.
Si vous deviez dire d’un mot l’enjeu du déploiement du QR Code augmenté GS1 ?
V. B. : C’est un sujet transverse qui impliquent différentes lignes métiers, et doit être porté à un niveau stratégique global et décisionnel de l’entreprise.