Vie des marques

Bonduelle, la nature en données

28/03/2023

Réduire l’incertitude liée au climat comme à la nature des sols, aider à la prise de décision de récolte en vue d’un calendrier industriel contraignant : avec l’écosystème tech d’une grande marque, l’agriculture en mode startup. Entretien avec Christophe Vieillard, directeur agronomique, Bonduelle.

Quelle est la mission de votre équipe chez Bonduelle ?

Christophe Vieillard : La mission de l’équipe agro de Bonduelle est d’être au plus près des producteurs partenaires, afin de les accompagner de la sélection de la parcelle à semer jusqu’à la récolte. Une expertise qui répond aussi au besoin d’un planning industriel précis, concentré sur quelques semaines et qui consiste à approvisionner les usines en continu lors des périodes de récoltes (quatre dans les Hauts-de-France), avec des légumes de saison récoltés à pleine maturité.

Notre matière première est vivante, nos légumes ne restent à maturité que quelques heures : nous sommes chaque jour au chevet des cultures pour observer, conseiller, évaluer et surtout récolter au bon moment. La distance moyenne que parcourt un petit pois ou un haricot vert pour arriver à l’usine est de 65 km. C’est pourquoi les usines sont situées à proximité des zones de culture. Ainsi, nos légumes conservent toutes leurs qualités nutritionnelles et organoleptiques.

Depuis quand l’agriculture connectée est prioritaire chez Bonduelle ?

C. V. : Bonduelle et ses partenaires agriculteurs cultivent des légumes dans de nombreux pays avec l’objectif de fournir les plus frais et les meilleurs possibles. Depuis plusieurs années nous avons bâti un écosystème d’outils numériques pour planifier, modéliser la croissance des végétaux et déclencher leur récolte. Connecter l’agriculture est une priorité pour développer des pratiques régénératrices limitant le changement climatique.

Anticiper le court et moyen terme

En quoi consiste cette agriculture connectée dans votre écosystème ?

C. V. : Nos légumes sont des légumes de plein champ, nous travaillons avec la nature, les sols, la météo, le climat, autant de variables changeantes d’où résulte une équation multifactorielle avec beaucoup d’inconnues. L’agriculture connectée, un écosystème d’outils s’échangeant des données, nous aide à simplifier quelques-unes des inconnues dans cette équation. Elle nous permet chaque jour de prendre des décisions de conduite des cultures et de déclenchement de la récolte, au bon moment avec les bonnes informations.

L’interconnexion des outils est primordiale, du semis à la conduite de la culture jusqu’à la récolte. Cela permet de contextualiser les décisions en fonction des historiques de données et des simulations de l’évolution de climat. Et de se projeter dans un futur à court ou moyen terme, de fixer les orientations pour minimiser les risques liés à la nature.

Comment les outils vous aident-ils à maîtriser ce qui est imprévisible ?

C. V. : Notre système Agro One est bâti sur l’expertise accumulée par les agronomes de Bonduelle depuis longtemps. Cet outil interne permet de gérer chaque étape du processus agronomique : de la sélection de parcelles à l’élaboration des plans de semis, du suivi des cultures à la récolte et à la livraison à nos outils industriels. Il nous permet de collecter et d’analyser l’ensemble des données liées aux activités de production agricole et de restituer des informations pertinentes pour la prise de décision.

Modéliser les besoins en eau pour économiser la ressource

Quels partenariats avez-vous noués dans le cadre de « l’Ag tech » ?

C. V. : Nous travaillons avec des startups qui développent un outil collaboratif permettant de remonter en temps réel les difficultés d’utilisation et les propositions d’amélioration des fonctions jusqu’à l’équipe des programmeurs. Avec d’autres acteurs, nous travaillons sur le traçage de nos travaux de récolte, grâce à des balises posées sur nos machines de récolte qui permettent de suivre en temps réel la surface récoltée et celle qui reste à récolter, et donc d’adapter nos approvisionnements vers nos sites de transformation. Une autre startup nous apporte de l’information par les capteurs météorologiques. Cela nous permet de modéliser les besoins en eau des plantes et de prendre les bonnes décisions pour économiser la ressource, tout en apportant la juste quantité d’eau au bon endroit.

Cette révolution technologique attire-t-elle de nouveaux talents ?

C. V. : Oui, les jeunes ingénieurs agricoles et agronomes sont au cœur de cette révolution. L’outil numérique permet de monter en compétence plus rapidement, il fidélise les talents et sécurise nos savoir-faire.

Faites-vous connaître aux consommateurs cette révolution numérique ?

C. V. : Nous sommes partenaires depuis deux ans des Journées nationales de l’agriculture, qui ont lieu en juin. L’objectif de ces journées est de valoriser le travail des agriculteurs auprès des consommateurs. Les équipes agro peuvent ainsi faire connaître les outils numériques mis au service de l’agriculture, comme les sondes capacitives qui permettent de mesurer l’humidité du sol. Nous développons également pour les réseaux sociaux des vidéos pédagogiques qui illustrent les bonnes pratiques culturales mises en œuvre par les agriculteurs grâce à ces nouveaux outils. Cela contribue à valoriser le savoir-faire de nos agriculteurs et leur engagement dans une agriculture régénératrice.

Propos recueillis par Jean Watin-Augouard

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