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Précis de désindustrialisation

09/11/2022

« On ne peut pas attendre dix années, lorsque nos concurrents allemands mettent deux ans à construire une usine ! » Alors on délocalise. C’est la conclusion, déconfite, de Louis Le Duff, président de Bridor, spécialiste des produits de viennoiserie.

Dans un communiqué diffusé le 8 novembre la marque annonce renoncer à un projet d’implantation d’un site de production en Bretagne (Liffré, Ille-et-Vilaine), une « usine ultra-moderne de viennoiserie et de pain », au profit d’investissements au Portugal, aux États-Unis et en Allemagne. La raison ? Des procédures, sur fond de polémiques anti-industrielles, qui traînent depuis sept ans : « Bridor est toujours en attente du caractère définitif du permis de construire, à l’issue des procédures, afin de pouvoir débuter les travaux s’il n’y a pas de recours supplémentaires ou d’appel. » Et qui menaceraient de durer encore trois ans : « Ces délais conduiraient l’autorisation de construire à 2025, auxquels il faut ajouter les deux ans de travaux, soit 2027 pour espérer ouvrir l’usine », indique le groupe. Dix ans pour ouvrir une usine.

Au lieu de ça, ce sont « 1 800 emplois directs et 1 200 emplois indirects » qui seraient donc bientôt créés dans les trois pays cités. Le communiqué omet toutefois de préciser que l’usine projetée en Bretagne n’en aurait représenté que cinq cents, ce qui laisse supposer que certains de ces investissements à l’étranger auraient de tout façon eu lieu. Tant pis en tout cas pour la balance commerciale, à laquelle le secteur des « IAA » ne contribue pas qu’un peu¹ : l’exportation depuis la Bretagne « diminuera progressivement, indique le groupe, l’Amérique devenant autonome, en production, en vente, et en service clients ».

Les opposants à l’usine bretonne ont été motivés par le refus de l’artificialisation des sols dans un site champêtre et par la menace pour la biodiversité. Si le point est sérieux, reste une question : comment un site alternatif n’a-t-il pu, depuis cinq ans, être trouvé en Bretagne ?

1. Un excédent commercial de 6,1 milliards d’euros en 2020 selon l’Ania.

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