Fonds documentaire

Lettre ouverte commune Adepale, Ania, Ilec, Feef, FNSEA, Coopération agricole et Perifem à Emmanuel Macron

26/10/2022

Les associations représentant la filière alimentaire et PGC ont écrit le 26 octobre 2022 au président de la République, pour demander une action « temporaire mais massive » devant les risques (pénuries, faillites, délocalisations…) que fait courir à brève échéance l’explosion des coûts de l’énergie pour les filières PGC.

« Monsieur le Président de la République,

« Face à la flambée des prix de l’électricité et du gaz, nos fédérations, qui regroupent l’ensemble de la chaîne alimentaire et des produits de grande consommation, sont particulièrement inquiètes sur l’avenir des entreprises qu’elles représentent. En effet, l’explosion des factures à venir interroge la pérennité même de certaines d’entre elles, tout en risquant de mettre à mal le pouvoir d’achat des Français. C’est toute une chaîne agro-alimentaire qui va devoir choisir entre des arrêts de production ou des hausses difficilement supportables pour le consommateur français.

« À la lumière de nos analyses, l’augmentation du coût des produits de première nécessité pour 2023 va être massive. Les causes sont multiples : certaines sont légitimes et nous ne pourrons pas nous y soustraire, comme l’augmentation du prix des produits agricoles (français notamment) , l’augmentation des salaires tout au long de la chaîne ou encore la hausse des matières premières industrielles : tout ceci représente un tiers des augmentations attendues . Mais sur les deux tiers restant, autrement dit la majeure partie, la raison unique est l’augmentation du coût de l’énergie, qui s’additionne à chaque étape de la chaîne. C’est sur cette hausse qu’il faut absolument agir, et vite.

« Si la France n’agit pas pour contenir ponctuellement ce phénomène, nous nous dirigeons non seulement vers une inflation démesurée mais aussi vers une rupture de la chaîne alimentaire et des produits de grande consommation : des produits vont disparaître des rayons car les entreprises ne pourront plus les produire ou les vendre à un prix acceptable par le consommateur. C’est bien la souveraineté alimentaire que vous appelez de vos vœux qui serait mise à mal, nous éloignant de l’objectif que vous avez fixé par des délocalisations et des importations de pays tiers ou européens inéluctables.

« Pendant la crise du Covid, nous avons vécu une pression sur la chaîne alimentaire et nous avons toujours été rassurants sur la disponibilité des produits et la pérennité économique de la chaîne, parce que des mesures de soutien étaient prises. La situation aujourd’hui est tout autre. Outre les pénuries, les ruptures de chaînes de production, ce sont aussi des milliers d’emplois en danger, des fermetures certaines, aussi bien dans le monde agricole, dans les industries de transformation des produits agricoles (PME mais aussi ETI et GE), du transport ou encore des magasins en bout de chaîne, provoquant la désertification de certains territoires ruraux.

« La réponse dont nous avons besoin doit donc être temporaire mais massive, à la hauteur des enjeux. Si nous apportons notre soutien à la “garantie électricité” ou “atténuateur tarifaire” présentée vendredi dernier par le ministre de l’Économie, il est en revanche absolument indispensable que :

Le dispositif ne soit pas réservé aux seules PME mais également applicable à l’ensemble des entreprises. En effet, qu’elles soient des PME, des ETI ou des grandes entreprises, la facture énergétique pour une très grande partie d’entre elles représente une part prépondérante de leur valeur ajoutée. Ainsi, avec une facture énergétique multipliée par deux ou trois voire cinq, c’est le résultat net qui va tendre à disparaître et mettre à mal leur pérennité. L’explosion des prix ne s’arrête pas à la porte des PME, toutes les entreprises sont concernées. On ne peut différencier les solutions selon la taille des entreprises, l’impact en proportion est le même. En outre, cela aboutirait à des distorsions majeures de concurrence entre entreprises du même secteur selon leur taille (cela s’applique tant à la frontière PME-ETI qu’à la frontière ETI-grandes entreprises). Les conséquences opérationnelles d’une telle distorsion de concurrence nationale et internationale seraient rapidement ingérables.

Les paramètres envisagés, aide au-dessus de 325€/MWh à hauteur de 50 % seulement, ne sont pas à la hauteur de la crise annoncée. Cela ne correspond qu’à une baisse de l’ordre de 20 %, alors que les prix de l’électricité augmentent jusqu’à 500 %.

C’est pourquoi nous pensons que le dispositif doit aussi être complété par un maintien de l’Arenh à son niveau de 2022 soit 120 TWh, ce qui correspondrait à une baisse additionnelle du prix de l’électricité de 30 % environ.

« Ainsi, la filière alimentaire et des produits de grande consommation sollicite un rendez-vous dès que possible pour vous faire part des difficultés insurmontables à venir qui touchent l’ensemble des entreprises de la chaîne alimentaire, quelles que soient leur taille et leur forme et qui met à mal notre souveraineté alimentaire. Le bouclier tarifaire dont nous avons besoin, doit être massif, afin de prévenir un désastre économique et soutenir les acteurs de la chaîne alimentaire et des produits de grande consommation qui forment le tissu agricole et industriel de nos territoires, et ainsi agir pour le pouvoir d’achat des Français.

« Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre très haute considération. »

Adepale, Ania, Ilec, Feef, FNSEA, Coopé­ra­tion agri­cole, Perifem

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